La deuxième priorité, c'est la ressource halieutique ; et je ne parle pas de la flore, qui est aussi importante. J'ai rencontré des pêcheurs entre Cherbourg et la côte picarde, notamment dans certaines zones dites « pertinentes ». On voit bien, dans les études les plus récentes – qui, sans doute, ne sont pas définitives, mais qui marquent une progression –, que, si les projets prennent en compte la distance par rapport à la côte, afin de répondre au souci des plaisanciers, des riverains, des communes, ils n'en suscitent pas moins l'inquiétude des marins.
En effet, la plupart du temps, on a affaire à de grands parcs. L'un d'eux pourrait compter 141 éoliennes de 5 mégawatts, soit un total de plus de 700 mégawatts, la moitié d'une tranche nucléaire. D'autres sont de taille plus modeste. Quoi qu'il en soit, en mer, on ne trouve pas d'éoliennes de 2 mégawatts : dans certaines régions du monde, on en installe de 10 mégawatts. Elles culminent à 200 mètres – c'est la hauteur du pont de Normandie –, plongent à 30 mètres sous l'eau, sans compter les fondations, et ont des pales de soixante mètres de rayon : on n'installe pas de tels engins avec une petite perceuse électrique. Imaginez une centaine de ces monstres sur le plateau continental de la Manche, avant la descente à 90 mètres de profondeur.
Ce qui inquiète le plus les pêcheurs, ce n'est pas d'avoir à traverser ces parcs : ils s'y feront ; ils sont habitués à naviguer, au large de la Bretagne, au milieu des récifs et des courants. Mais, pour les poissons, ce sont des zones de reproduction, de ponte et de nourricerie. Quand elles auront été labourées par les travaux d'installation, quand la reproduction des poissons aura été perturbée, qui peut affirmer qu'ils ne partiront pas se reproduire ailleurs ? La zone serait alors désertée et la pêche locale menacée.
Si la sécurité maritime doit être notre priorité absolue, il ne faut pas pour autant négliger le maintien de la ressource, pour que la pêche ait encore un sens, avec tout ce que cela implique, en termes d'emplois et d'activités industrielles en aval. Tout cela doit être pris en compte. Or je ne le retrouve pas dans votre texte.
Les 35 % du produit de la taxe représentent des sommes importantes. Vous avez retiré aux comités locaux des pêches – qui n'auront plus d'existence que sous la forme d'amicales des pêcheurs du secteur – toutes occasions d'activités réelles, pour les confier aux comités départementaux et aux comités régionaux. Il se trouve que votre région, monsieur le ministre – ou, plutôt, la région où vous êtes élu, et celle où, moi, j'habite –…