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Intervention de Michel Sapin

Réunion du 6 juillet 2010 à 15h00
Orientation des finances publiques pour 2011 — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Sapin :

Je vous le dis, au fond, à contrecoeur : malheureusement, bien que des choses importantes aient été dites, que vous n'avez pas voulu entendre, madame la ministre, monsieur le ministre, choses dites non seulement par des orateurs de l'opposition mais par le rapporteur général, le rapporteur de la commission des affaires sociales, par les présidents des deux commissions, vous avez raté ce rendez-vous. Pourquoi donc ?

Tout d'abord, quoi que vous en disiez, vos propositions manquent profondément de crédibilité. Cela ne veut pas pas simplement dire que nous ne vous croyons pas lorsque vous affirmez que la croissance sera de 2,5 % en 2011 ou lorsque, comparant la situation à d'autres crises pourtant sans rapport, vous affirmez que l'élasticité des recettes va augmenter à une vitesse absolument considérable – que nous ne le croyons pas n'est pas si grave –, cela signifie aussi que les observateurs et prêteurs extérieurs ne vous croient pas non plus. Vous tenez de tels propos pour rassurer les marchés, mais vous manquez de crédibilité.

Ensuite, vos propositions manquent d'efficacité. Je peux comprendre, madame la ministre, que vous fassiez preuve d'optimisme à propos de la conjoncture économique, car le rôle d'un ministre de l'économie et des finances est davantage de rassurer que d'inquiéter. Cela dit, malgré tout, nous sommes encore en crise économique, et la question de la croissance nous est posée, comme à toute l'Europe et au monde entier, quels que soient aujourd'hui les taux de croissance chinois, indien et brésilien. Nous ne sommes pas sortis de cette crise de la croissance. Par conséquent, chaque fois que vous supprimez ou diminuez une dépense, il vous faut vous demander quel effet cela aura sur la croissance. Or l'effet principal de vos diminutions aveugles de dépenses sera un effet récessif, ce qui réduira les recettes et augmentera donc, in fine, les déficits.

Enfin, s'agissant des recettes ou – disons le mot – des impôts, il y a chez vous un manque de courage. Vous ne cessez de marteler que l'augmentation des impôts serait une facilité, mais écoutez donc M. Carrez, lisez donc son rapport ! Vous verrez alors que la facilité résidait dans des baisses d'impôts financées par davantage d'emprunt, donc payées par les générations suivantes. Le courage est justement de regarder en face la question des recettes pour revenir sur des baisses d'impôts qui ont montré leur inefficacité, qui ont montré leur injustice et qui sont en grande partie responsables du déficit de la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Oui, nous avons besoin de lucidité et de crédibilité ! Oui, nous avons besoin d'efficacité économique ! Oui, nous avons besoin de courage ! Pour votre part, vous aurez manqué de tout cela. C'est pourquoi nous voterons contre vos orientations budgétaires. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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