Ce que vous proposez pour la France en 2011, monsieur le ministre du budget, c'est, selon vos propres mots devant la commission des finances, « du jamais vu et du jamais fait ». C'est bien ce qui nous inquiète.
Vous voulez faire payer à nos concitoyens les conséquences de vos deux capitulations successives devant le monde financier.
La première capitulation a eu lieu quand vous êtes venus au secours des banques et des spéculateurs il y a deux ans, avec de l'argent public, sans exiger de contrepartie et sans impliquer directement la puissance publique dans la gestion des institutions financières pour en modifier les critères. Ainsi, vous avez simplement contribué à transformer la dette privée en dette publique. Cette dette publique est utilisée aujourd'hui par les mêmes marchés financiers et les mêmes fonds spéculatifs pour exiger des États qu'ils imposent à leurs peuples une politique d'austérité.
Aujourd'hui, pour la deuxième fois en deux ans, vous cédez au chantage de ce monde financier pourri jusqu'à la moelle. C'est inacceptable. Au lieu de désarmer les marchés financiers et la spéculation, vous leur donnez des gages de bonne volonté et de soumission !
Dans ce fiasco général, votre responsabilité politique est totale. Pour étayer ce propos, je voudrais rappeler ce qu'ont dit, parmi d'autres, deux éminents économistes, Joseph Stiglitz et Patrick Artus, des responsabilités dans le déclenchement de cette crise. « Les faits sont là : banques centrales, gouvernements, institutions financières, banques commerciales, régulateurs, chacun à sa place a oeuvré pour que le monde se gave de liquidités jusqu'à l'overdose. C'est un projet co-organisé à un niveau bien supérieur par les gouvernements et par les banques centrales » ; je cite encore : « il faut arrêter cette déréglementation et cette concurrence qui tournent au délire ». (Exclamations sur les bancs du groupe NC.)
Non, la crise n'est pas un OVNI, la crise a des responsables, et vous en êtes : c'est vous qui avez défendu, soutenu, promu, aidé, alimenté, notamment par le choix de la déréglementation et par de multiples cadeaux fiscaux, un monde financier toujours plus prédateur. C'est vous qui n'avez eu de cesse de nous présenter comme modèles la Grande-Bretagne, puis l'Espagne, puis l'Irlande. Nous voyons les résultats. C'est vous qui aujourd'hui invitez les Français à suivre les mêmes en matière de retraites : merci, mais ils ont déjà donné.
Devant cette faillite retentissante, que faites-vous ? Vous lancez une attaque violente contre les salariés. Votre texte sur les retraites est complètement rétrograde, mais il vous permet de faire plaisir aux marchés financiers en indiquant qu'il contribue à résorber la dette.