S'agissant de l'emploi, l'ensemble du Gouvernement, ainsi que mes services, sont mobilisés. Quelques chiffres sont bons, même si je ne m'en satisfais pas. Au premier trimestre 2010, 23 900 emplois ont été créés dans les secteurs marchands, alors qu'au cours des trimestres précédents, nous avions enregistré des pertes nettes d'emplois. Le taux de chômage, qui s'est stabilisé à 9,5 %, s'est également stabilisé dans la zone euro, ce qui nous permet d'être un peu moins pessimistes que par le passé. En effet, une stabilisation conjuguée à des créations nettes d'emploi et à un rebond du volume des heures supplémentaires au cours des derniers mois nous laisse penser que, pendant l'année 2010, nous devrions enregistrer des progrès sur le front de l'emploi.
Sur l'ensemble de l'année 2010, le PIB français progressera bien de 1,4 %, ce qui correspond à notre prévision pour l'année 2010. Cette prévision reste conforme, et parfois inférieure, à celles des institutions internationales – 1,5 % pour le FMI, 1,7 % pour l'OCDE 1,3 % pour la Commission – et à celle du consensus de place, qui se situe à 1,4 %. Nous allons tenir notre prévision. J'ajoute que l'hypothèse d'inflation pour 2010 retenue dans le programme de stabilité est de 1,2 % en moyenne annuelle. Quant au taux de prélèvement obligatoire, il se stabiliserait en 2010 à 41,5 % du PIB.
Quid de la France en 2011 ? La poursuite du rebond cyclique entamé en 2010 permettrait d'atteindre un rythme de croissance proche de sa tendance de moyen terme. La force de ce rebond s'expliquerait par divers facteurs.
Premier facteur : la brutalité du décrochage de 2009. Nous sommes en effet passés à moins 2,6 %, après révision par l'INSEE. Certes, et d'aucuns ne manqueront pas d'y revenir, il faut se méfier des analogies, car la crise a été brutale, soudaine et générale ; mais l'on s'aperçoit qu'en 1993, à l'issue d'un choc moins brutal, puisque la croissance avait baissé de 0,9 %, un rebond est intervenu, qui s'est traduit par une croissance de 2,2 %, alors que les prévisions étaient de 1,4 %.
Deuxième facteur : la demande extérieure adressée à l'économie française dans le cadre d'une augmentation du commerce international et d'une croissance du produit intérieur brut. Celles-ci ont été récemment révisées à la hausse – 4,5 % – par le Fonds monétaire international ; la France en recevra sa part.
Troisième facteur : les mesures que nous avons prises au cours des trois dernières années. Si la loi de modernisation de l'économie ou les modifications de la réglementation du travail – j'y reviendrai – remplissent l'objectif que nous leur avons assigné et permettent une meilleure fluidité et une meilleure réactivité de l'ensemble des acteurs économiques, il y a toutes les raisons de penser que le redémarrage de la croissance sera amplifié.
Enfin, la fin du déstockage soutiendrait la croissance au cours des prochains trimestres.
Par conséquent, si mon hypothèse de croissance, établie à 2,5 % pour 2011, est ambitieuse – j'ai même pu dire, ici ou là, qu'elle était audacieuse –, elle n'est pas totalement irréaliste, comme certains l'indiquent. Au demeurant, je n'exclus pas de devoir la réviser lorsque nous aurons connaissance des résultats de la croissance au deuxième trimestre 2010, mais je ne le prévois pas non plus. François Baroin et moi sommes attentifs et ouverts aux évolutions de la conjoncture et nous réexaminerons nos hypothèses si cela s'avérait nécessaire. Mais, encore une fois, j'ai toutes les raisons de croire que, pour ambitieuse et un peu audacieuse qu'elle soit, notre prévision de croissance, fixée à 2,5 %, n'est ni irréaliste ni illégitime, comme je l'entendrai certainement tout à l'heure. J'ajoute que l'OCDE a établi sa prévision concernant notre pays à 2,1 %. Quant à certains économistes de place, ils nous jugent quelque peu pessimistes et nous voient plutôt à 2,6 %, ce qui me paraît sympathique mais pas nécessairement approprié.