Je vous parle de l'Europe, de la zone euro et de notre monnaie ! Le mois de mai a été extrêmement important de ce point de vue, puisqu'à l'occasion des travaux menés les 7 et 9 mai, les Européens ont décidé collectivement de faire face à la crise et à la défiance des investisseurs en mettant en place un fonds de stabilité de la zone euro, doté de 750 milliards d'euros pour lutter contre la spéculation.
Ce mois de mai est aussi fondateur parce que, le 20 mai dernier, la deuxième conférence des finances publiques engagée par le Président de la République, nous a permis de présenter une politique déterminée et différente qui vient de vous être décrite par François Baroin, et qui sera mise en place dans l'acte fondateur qu'est le budget.
J'en viens à quelques éléments de perspective macroéconomique qui me permettront de situer l'économie française par rapport à ses partenaires. On ne peut, en effet, débattre du budget de notre pays, sans considérer l'environnement international dans lequel notre économie et nos acteurs économiques évoluent.
En 2010 et dans les mois à venir, les États-Unis devraient tirer profit, comme certains de leurs partenaires, des mesures de relance budgétaire. En effet, celles-ci ayant été prises au cours du deuxième semestre de l'année 2009, l'année 2010 bénéficie d'un effet d'entraînement dans des proportions beaucoup plus importantes. Les États-Unis devraient également bénéficier d'un mécanisme de stabilisation du chômage, bien que celui-ci soit extrêmement élevé par rapport à la norme américaine habituelle. Toutefois, l'activité américaine devrait décélérer un peu en fin d'année, puisque l'INSEE prévoit un retour de la croissance américaine à environ 0,4 % au quatrième trimestre 2010, soit 2,9 % pour l'année 2010.
Les pays émergents – notamment la Chine, l'Inde, la Russie et, à un moindre degré, le Brésil – connaîtront toujours, grâce à leurs plans de relance respectifs, des taux de croissance extrêmement élevés, compris entre 9 % et 11 %. Outre les BRIC, que je viens de citer, il convient de tenir compte également de la situation des pays que l'on appelle les « prochains onze » – les next eleven –, parmi lesquels on trouve la Turquie, l'Indonésie et le Mexique, qui seront les nouvelles zones de croissance.
Dans la zone euro, la hausse de l'activité a été plus contenue au premier trimestre 2010, de l'ordre de 0,2 %, qu'en fin d'année 2009. Ce tassement est lié à la diminution des primes à la casse et au retrait graduel, voire très brutal, de ce soutien à l'activité automobile, ainsi qu'aux implications des conditions climatiques particulièrement défavorables pour le secteur du bâtiment. L'activité en zone euro devrait se redresser au deuxième trimestre, soutenue notamment par le rebond du commerce mondial et par la demande qui lui est adressée par un certain nombre des pays que j'ai évoqués tout à l'heure. Néanmoins, ce rebond connaîtrait des trajectoires différentes selon les pays. Ainsi, l'activité en Espagne pourrait se stabiliser tout en restant négative, alors que les pays fortement exportateurs, tels que l'Allemagne et, à un moindre degré, la France, bénéficieraient du soutien de la demande extérieure. Selon les prévisions du mois de juin de l'INSEE, la demande intérieure hors stock de la zone euro se tasserait un peu après l'été, alors qu'elle se renforcerait en France.
Il se confirme donc que notre pays traverserait globalement mieux l'après-crise que le reste de la zone euro. Elle avait déjà mieux traversé la crise en 2009, grâce à l'absence de déséquilibres majeurs dans son modèle de développement économique, à l'importance des stabilisateurs automatiques et au plan de relance que vous avez voté et qui a été rapidement et efficacement mis en oeuvre, comme l'avaient souhaité la Commission européenne et l'ensemble des organisations internationales, notamment le FMI.