Monsieur le président, monsieur le président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire, monsieur le président de la commission des affaires sociales, monsieur le rapporteur général, monsieur le rapporteur de la commission des affaires sociales, mesdames et messieurs les députés, le débat d'orientation des finances publiques qui s'ouvre aujourd'hui dans votre hémicycle marque une étape nouvelle dans la gouvernance de nos finances publiques. Non seulement ce débat d'orientation pour 2011 intègre les orientations budgétaires pluriannuelles pour 2011, 2012 et 2013 mais il sera suivi d'un vote au titre de l'article 50-1 de la Constitution. C'est évidemment une première, et c'est un acte important.
Le budget pour 2011 fera date dans l'histoire de nos finances publiques. Il va tourner le dos à des années d'augmentation du budget de l'État. Hormis la dette et les pensions qui sont des dépenses héritées du passé, les moyens de l'État feront l'objet d'une réduction en termes réels puisqu'ils seront stabilisés en valeur : la prévision d'inflation étant de 1,5 % en 2011, la baisse réelle du pouvoir d'achat de l'État sera de 1,5 % dès la première année. Je précise que même en ajoutant la dette et les pensions, le montant global du budget de l'État diminuera en volume de 0,2 % en 2011.
Nous avons aujourd'hui entre nos mains la soutenabilité présente et future de nos finances publiques. La crise économique, au-delà des secousses qu'elle a causées dans l'économie mondiale, est venue nous rappeler avec force la nécessité de veiller à la maîtrise des comptes publics. Nous avons pu, certes, renforcer la solidarité européenne au moment de la crise grecque et des incertitudes concernant les pays de la zone euro aux équilibres trop fragiles. Les défis qui nous font face n'en sont pas pour autant moins durs, et au-delà, il nous faut un vrai changement des mentalités et des habitudes vis-à-vis de la dépense publique. La sphère publique, l'histoire récente nous l'a montré, n'est pas une ressource inépuisable. C'est notre responsabilité que d'inverser la tendance et de dépenser de façon plus raisonnée.
Un budget n'est rien d'autre qu'un ensemble cohérent de choix. Et choisir, comme le disait Gide, c'est renoncer. Notre ambition, c'est de bâtir un cadre budgétaire équitable qui ne renonce pas à protéger les plus fragiles, ceux qui ont été le plus durement touchés par la crise, qui ne renonce pas à notre modèle social mais essaie, au contraire, d'en préserver les équilibres, comme nous l'avons fait avec la réforme des retraites. Mais nous renonçons à vivre au-dessus de nos moyens et à intervenir de façon indifférenciée dans tous les secteurs, sans jamais remettre en cause les dispositifs qui s'accumulent, au fond, sans jamais nous remettre un petit peu en cause.
Depuis quelques semaines, on me presse de qualifier notre politique comme étant de « rigueur ».