La réforme de l'État ne s'inscrit pas dans une temporalité de court terme. En revanche, le moyen terme nous semble raisonnable. C'est pourquoi nous avons demandé un bail de six ans pour l'immeuble de la rue Beaubourg : il faut inclure les délais de concertation et de négociation liés à toute réforme, ceux qu'implique la rédaction d'un décret en Conseil d'État, puis la réorganisation elle-même, pendant que s'effectue parallèlement le travail du programmiste immobilier.
L'immeuble de la rue des Bons-Enfants a fait l'objet de rapports très pertinents de la Cour des comptes. Il faut cependant reconnaître la singularité de la démarche patrimoniale du ministère de la Culture, même si je connais les limites du discours de la spécificité, monsieur le Président. On ne peut reprocher au ministère de la Culture de vouloir occuper des bâtiments pour les restaurer, les valoriser et sauvegarder leur dimension patrimoniale. Dans le cas de la rue des Bons-Enfants, nous sommes dans une autre logique, celle de la création, du geste architectural, à laquelle je crois savoir que le Président de la République lui-même n'est pas insensible : au-delà des aspects fonctionnels, l'architecture doit devenir un vecteur de la politique de création.
C'est ce geste architectural qui entraîne des contraintes que ne présenterait sans doute pas un immeuble de bureaux banal répondant à la seule logique de la rentabilité.
Il nous faut donc prendre ce qui existe aujourd'hui, avec les contraintes d'organisation administrative et d'organisation spatiale que nous connaissons, et essayer de faire de ces contraintes des leviers permettant d'améliorer notre gestion patrimoniale.
Si le mandat de France Domaine était de gérer l'immobilier à notre place et de nous indiquer de façon totalement directive où nous devons aller, nous nous y conformerions. Mais l'heure est à un dialogue serein avec France Domaine, où les intérêts du propriétaire se conjuguent avec ceux du locataire. Lorsqu'un particulier visite plusieurs appartements, le fait que ceux-ci soient tous différents ne l'empêche de garder en tête l'ordre de ses priorités. Or, pour moi qui suis chargée de la coordination de l'administration, la priorité est que les conditions de cette coordination ne soient pas rendues encore plus compliquées par la dispersion des services.