Il existe aujourd'hui environ 450 établissements français à l'étranger, dont 77 en gestion directe, entre 150 et 160 conventionnés avec l'AEFE, les autres n'étant qu'homologués. La Mission laïque française coordonne pour sa part les activités d'une centaine d'établissements regroupant quelques conventionnés et un grand nombre d'homologués, dont 32 établissements d'entreprise. En matière de personnels, les situations sont très diverses selon les pays. Au Liban, par exemple, quelque 85 % des enseignants sont des locaux – ce qui ne préjuge en rien d'une qualité inférieure de leur enseignement. Il nous faut simplement bien définir les profils de poste et les critères de sélection.
Les pouvoirs publics français ont souhaité, pour des raisons budgétaires, réduire le nombre d'enseignants expatriés. Il est d'abord anormal d'avoir fait supporter la charge des résidents, qui les remplacent, aux établissements. En effet, les expatriés sont rémunérés par l'AEFE, alors que les établissements doivent payer les enseignants qui leur ont été substitués – d'où une augmentation mécanique des frais d'écolage aujourd'hui. Quant à la diminution du nombre des expatriés, on est arrivé à l'os, si je puis dire. Il ne serait pas raisonnable de réduire encore les effectifs d'expatriés, car ceux-ci ont aussi des missions plus larges, essentielles, de coopération, de formation, de contrôle et de coordination des enseignants locaux. La Commission sur l'avenir de l'enseignement français à l'étranger avait conclu qu'il fallait environ 50 % de titulaires. C'est globalement une bonne proportion – appelée toutefois à varier selon les pays. Pour certains enseignements techniques, technologiques ou linguistiques, il est des pays où l'on peut sans problème faire largement appel à des enseignants locaux. Légitimement fiers de notre enseignement, nous n'en devons pas moins reconnaître la valeur de celui d'autres pays. Les personnels d'encadrement doivent, quant à eux, demeurer en nombre suffisant des expatriés, se ressourçant régulièrement en France, et seuls à même d'apporter la cohérence et la vision d'ensemble nécessaires.
Un mot sur la Mission laïque française. Celle-ci ne crée qu'un nombre limité d'établissements, qui incluent bien sûr les écoles d'entreprises, lesquelles apportent alors leur contribution – ce qui est bien la preuve, soit dit au passage, qu'elles le peuvent. Le programme Français langue maternelle, ou FLAM, est un excellent outil, notamment là où il n'est pas envisageable de créer un établissement. Mais ce ne peut pas être une alternative à l'enseignement français à l'étranger, seulement un complément nous permettant de développer notre culture à l'étranger.
Il ne faut pas confier à l'AEFE, dont les moyens sont déjà limités, trop de missions supplémentaires qui ne sont pas fondamentalement de son ressort. En revanche, oui, développons des coopérations, de nouveaux outils pédagogiques, surtout à l'ère du numérique. Nous y sommes tout à fait disposés. Ce n'est d'ailleurs pas tout à fait un hasard si la FAPÉE a actuellement son siège au sein de l'immeuble parisien de l'Alliance française.