Une langue, c'est une culture, et l'enseignement français à l'étranger est un véhicule de cette culture. Lorsque deux personnes parlent la même langue, mais surtout ont été éduquées de la même façon et dans le même esprit, elles ont plus de chances de se comprendre et de pouvoir avancer d'un pas commun. Voilà ce que nous recherchons. Cela ne signifie pas pour autant que nos enfants ne doivent pas apprendre l'anglais ni s'ouvrir le plus possible sur le monde, notamment en apprenant la langue locale du pays d'accueil – bien au contraire, et la jeunesse actuelle sait toute l'importance d'une ouverture d'esprit internationale. Tout en respectant les principes d'éducation qui sont les nôtres, il faut aussi tirer profit du fait de se trouver à l'étranger, faire en sorte que nos enfants puissent intégrer l'enseignement supérieur des pays hôtes et, inversement, que des nationaux ayant fréquenté les établissements français rejoignent notre enseignement supérieur, ou celui de pays tiers – imprégnés de la culture française, ils demeureront des alliés de la France. C'est ainsi que notre culture essaimera. Pour un bon fonctionnement du système, il faut s'adapter aux pays hôtes : on ne peut pas partout transposer telles quelles toutes les circulaires de l'Éducation nationale. La suppression des cours le samedi matin dans le primaire, par exemple, pose des problèmes insurmontables dans de nombreux pays, comme au Liban, en Espagne ou au Maroc. Autant de sujets à traiter, comme aussi celui de l'enseignement des langues locales.
J'en viens au registre financier. Comment équilibrer les comptes ? L'AEFE ne gaspille pas ses crédits et elle a un rôle fondamental de coordination dans un réseau extrêmement disparate. Cette disparité même l'oblige à avoir une présence forte pour faire valoir certains principes, et notamment aider à l'orientation des élèves. J'estime que l'on n'a pas encore assez travaillé sur ces spécificités et que l'action est encore trop calquée sur ce qui existe en France.
Il faut écouter les parents d'élèves. Beaucoup d'établissements conventionnés sont, comme vous le savez, gérés par des parents. D'autres, au sein desquels nous nous battons pour qu'ils soient représentés, le sont par des fondations. Un lien étroit entre « usagers » et « dispenseurs » de savoirs est en effet indispensable pour proposer des améliorations, trouver ensemble des réponses, rechercher éventuellement une aide financière complémentaire. Bien que les aspects pédagogiques ne soient pas de notre ressort, nous souhaitons néanmoins être associés à certains choix car ils conditionnent l'avenir de nos enfants, et ont aussi des incidences financières. En un mot, il faut bien se poser la question du rapport qualitéprix, lequel permet d'ailleurs de se positionner par rapport à la « concurrence » – concept à manier avec précaution en matière d'éducation car nous devons nous garder de juger à l'aune des seuls aspects financiers.