En quelque sorte, mais la labellisation est un sujet un peu différent.
Nous sommes bien conscients que les ressources de l'État ne sont pas illimitées et que, dans le contexte de crise actuel, elles sont encore plus contraintes qu'elles ne l'étaient hier. Nous pensons malgré tout que l'enseignement français à l'étranger est un domaine prioritaire, fondamental pour les personnels expatriés des entreprises nationales, mais aussi pour le rayonnement international de la France. J'ai personnellement travaillé vingt-cinq ans à l'étranger pour une grande entreprise française. Nous y avons créé des écoles, avant même la mise en place de l'AEFE, pour aller de l'avant. Je ne comprends pas pourquoi certains font aujourd'hui valoir que cela ne concerne pas les entreprises et invitent à rechercher plutôt d'autres solutions.
Aujourd'hui, l'action du ministère de l'Éducation nationale et celle du ministère des Affaires étrangères sont très imbriquées concernant l'enseignement français à l'étranger. Cette imbrication peut devenir encore plus étroite, mais un regard spécifique n'en reste pas moins nécessaire sur l'enseignement français à l'étranger, ses spécificités et ses richesses particulières, dont il faudrait, me semble-t-il, davantage tirer parti. Le ministère de l'Éducation nationale a envoyé quelque 320 enseignants à l'étranger pour étudier les systèmes d'enseignement d'autres pays. Pourquoi n'enverrait-il pas une partie de ces personnels dans les établissements français à l'étranger, qui devraient être un creuset d'innovation ? Pourquoi non plus ne pas associer Ubifrance, à l'image de ce qui se fait avec le VIE, le volontariat international en entreprise ? Ce pourrait être une réponse partielle aux questions budgétaires qui nous préoccupent. Pourquoi non plus ne pas faire appel à des fondations ? Nous sommes, pour notre part, ouverts à toute idée permettant de développer le réseau de l'enseignement français à l'étranger grâce à des ressources extérieures. Cela étant, ne nous faisons pas d'illusions : cela ne suffira pas. Les locaux des établissements sont dans un état très moyen. Les travaux indispensables de sécurité ont été réalisés, mais il reste encore beaucoup à faire. Force est de constater que l'État n'a pas toujours très bien géré son patrimoine, sans compter que, celui-ci n'amortissant pas son immobilier comme le font les entreprises privées, a été transférée à l'AEFE, avec les bâtiments, une charge sans les moyens nécessaires d'y faire face. Il est aujourd'hui impossible à l'Agence de supporter elle-même ce type de dépenses. Et pourquoi les parents d'élèves devraient-ils payer pour l'entretien d'un patrimoine qui appartient à l'État ?
En outre, les frais d'écolage ont fortement augmenté. Or il existe une limite au-delà de laquelle l'augmentation ne peut plus être supportée. Et nous constatons d'ores et déjà beaucoup de départs, notamment d'élèves étrangers dont les familles ne reçoivent aucune aide. L'une des richesses de l'enseignement français à l'étranger réside dans le brassage des cultures que celui-ci permet et l'ouverture sur le monde qu'il procure. Je suis donc inquiet de cette évolution, d'autant que l'équilibre des comptes des établissements tient pour une large part à la scolarisation d'élèves étrangers en leur sein. Nous rencontrons aujourd'hui de gros problèmes à cet égard, en Espagne notamment. Une répartition entre pour moitié des élèves français, pour moitié des élèves étrangers me paraît équilibrée.