Vous avez évoqué trois aspects des recettes exceptionnelles : nous n'avons aucune compétence en matière immobilière et nous concentrerons notre propos sur le projet qui concerne les satellites Syracuse. Toutefois, même si nous ne sommes ni opérateur ni candidat à l'acquisition de fréquences hertziennes, nous fabriquons des matériels pour lesquels les forces armées les utilisent et je souhaite dire un mot à ce propos.
En fait, nous craignons que se produise un effet de ciseau entre d'une part le besoin en ressources exceptionnelles, qui fait que l'on cherche à valoriser les fréquences réservées et non utilisées, d'autre part l'incroyable augmentation du volume des informations qui doivent transiter par les fréquences restantes. En effet, les fréquences devenant une denrée très rare, la densité de l'utilisation de celles qui sont réservées aux forces armées va devenir de plus en plus considérable.
Cela tient en premier lieu au fait que l'équipement du soldat du futur, en particulier avec le programme Félin (Fantassin à Équipements et Liaisons INtégrés), fera de chaque homme, qui sera à la fois émetteur et récepteur, un véritable noeud de communications. On imagine le besoin en bande passante lié à ces nouveaux usages.
Cela tient ensuite au développement de l'usage sur les théâtres d'opération des systèmes non pilotés de type drones UAS (Unmanned Aerial Systems) - UAV (Unmanned Air Vehicles), sur lesquels on ne peut embarquer des systèmes de traitement des informations, qui seraient trop pesants, et qui nécessitent donc de transmettre au sol, en temps réel, un volume considérable de données, en particulier des images.
Enfin, le concept de guerre en réseau repose bien évidemment sur l'échange d'informations entre les forces, donc sur l'utilisation de bandes passantes.
En tant que fournisseurs de ces équipements, nous sommes frappés de constater que c'est précisément au moment où explose le volume d'informations à transmettre, donc le besoin en fréquences, que se concrétise la rétrocession au monde civil des fréquences qui avaient jusque là été réservées aux applications militaires. Cette dernière répond sans doute à un souci de bonne gestion mais il ne faut pas aller trop loin, d'autant qu'utiliser de façon plus dense les fréquences restantes supposera d'être plus précis, ce qui sera onéreux.