Les raisons invoquées par ceux qui considèrent que ce texte ne va pas dans la bonne direction sont, je le note au passage, totalement contradictoires. Ainsi, certains estiment qu'il est beaucoup trop administratif – je pense notamment à ce qu'a dit Pierre Méhaignerie. D'autres, en revanche, lui reprochent de tendre vers une libéralisation totale et débridée de l'agriculture française. Je répondrai simplement aux uns comme aux autres que ce texte vise un seul objectif : une responsabilisation accrue des agriculteurs, qui auront alors plus de chances de s'en sortir grâce au prix de leurs produits, qu'ils pourront commercialiser dans de bonnes conditions. Je ne vois pas comment on peut s'opposer à l'esprit de responsabilité dont ce projet est porteur.
Ce texte responsabilisera aussi davantage le consommateur, lequel décide finalement de la valeur du produit agricole qu'il est prêt à acheter.
Ce projet de loi défend un seul modèle : celui d'une agriculture durable, présente sur tout le territoire, sur la base de nouveaux équilibres économiques où l'agriculteur ou le pêcheur parviendra à réduire sa dépendance des intrants et des carburants de façon à diminuer ses coûts de production. En effet, soyons lucides, nous ne parviendrons pas à augmenter le prix dans les proportions que nous voulons pour l'agriculteur ou pour le pêcheur, et ce n'est même pas souhaitable, car le consommateur en pâtirait. Par conséquent, la seule solution est bien de réduire le coût de production pour que le prix proposé par le producteur soit le meilleur possible.
Je tiens d'ailleurs à préciser, s'agissant de l'agriculture durable, que, pour le Gouvernement, la ligne rouge à ne pas franchir est représentée par toute mesure qui aboutirait à faire revenir les agriculteurs ou les pêcheurs sur les efforts considérables qu'ils accomplissent depuis des années pour mieux respecter l'environnement. Par respect des agriculteurs et des pêcheurs en France qui ont consenti ces efforts, nous ne devons pas prendre de décisions aboutissant à jeter à nouveau la suspicion sur eux. Je le dis solennellement : les premiers défenseurs de l'environnement dans ce pays sont les agriculteurs ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.) Ils sont les premiers à avoir agi pour l'environnement. Je n'accepterai pas – vous voterez ensuite en conscience – des amendements qui conduiraient à rouvrir des guerres inutiles et stériles entre les défenseurs de l'environnement et les défenseurs de l'agriculture, qui ne se situent pas dans des camps différents, mais ont, au contraire, les mêmes intérêts ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)