Monsieur le ministre, j'ai bien compris le sens de votre démarche. Vous voulez aller vers le consommateur : c'est une bonne chose ; il faut lui parler et le remettre au centre de nos préoccupations ; il faut lui expliquer ce qu'est un pays uni, harmonieux, qui se donne toutes les chances de vivre et qui donne à chacun de ses enfants une chance égale.
Vous avez raison de miser sur le contrat ; je crois beaucoup plus au contrat qu'à la contrainte, mais à condition que chacun soit en mesure de mettre en oeuvre son contrat et de veiller à son application.
Vous avez raison de penser au foncier et à son devenir. Dans notre civilisation devenue brutale, violente, des milliers d'hectares sont absorbés par une urbanisation féroce et sans limites. Alors, comme pour se donner bonne conscience, pour se donner un peu d'espoir, on concède autant de terres aux parcs nationaux et aux réserves foncières, ces sanctuaires de notre temps – oui, pour se donner bonne conscience, pour que de grands hommes puissent apparaître sur les écrans de télévision pour dire que l'on protège la nature, que l'on protège la campagne, on détruit 30 % de notre territoire agricole, et on en gèle 30 % ailleurs.
Alors, oui à la taxe sur le territoire qui disparaît ; mais, monsieur le ministre, pensez à la taxe pour les territoires que l'on gèle inutilement, ou plutôt seulement pour donner bonne conscience à des gens qui pourtant ne la retrouveront plus : il est trop tard, ils ont oublié qui ils étaient.
J'ai suivi votre projet, monsieur le ministre, et je le comprends. Mais il faut que nous nous mobilisions tous pour vous aider à aller plus loin. La France n'est pas ce qu'elle dit être aujourd'hui, ou plutôt ce qu'elle ose à peine murmurer. Elle est beaucoup plus que cela. Elle doit régénérer l'Europe tout entière, et c'est l'Europe qui doit ouvrir les portes vers un monde qui mange et qui partage. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes UMP et NC.)