Pourtant, ce sont des montagnards. Forts d'une volonté de s'accrocher à leurs terres, ils se montrent ainsi constructifs malgré leurs difficultés et reconnaissent les avancées du projet de loi de modernisation agricole que vous nous présentez et ils en attendent des résultats.
C'est donc dans cet esprit que je traduis leurs attentes : oui à une vraie politique de l'alimentation. Oui aux contrats écrits entre producteurs et acheteurs – je pense en particulier aux arboriculteurs de ma circonscription, qui vendent cette année les pommes à un prix inférieur à leur coût de production. Comment pourraient-ils continuer ainsi ? Qui d'autre accepterait de travailler à perte ?
Oui à l'accord du 17 mai dernier entre la grande distribution et les producteurs sur la modulation des marges en cas de crise.
Oui à l'observatoire des prix et des marges, en espérant ne pas être déçue par la pratique.
Oui à la mise en conformité au droit communautaire en matière de mise sur le marché et d'utilisation des produits phytosanitaires. Il est urgent, monsieur le ministre, de procéder par voie d'ordonnance pour harmoniser notre réglementation avec celle des autres pays européens, concurrents directs chez qui les conditions en vigueur sont beaucoup plus favorables et beaucoup moins contraignantes que celles qui s'imposent aux agriculteurs français.
Oui aux amendements votés par le Sénat, tendant à introduire des dispositions dont la plupart m'avaient aussi été proposées par les agriculteurs des Hautes-Alpes. Je pense en particulier à la possibilité de créer un groupement agricole d'exploitation en commun, ou GAEC, entre époux. Les jeunes agriculteurs réclamaient cela depuis des années.
Oui, enfin, à la lutte contre la disparition des terres agricoles, à deux conditions toutefois. D'une part, une certaine souplesse doit permettre à des retraités agricoles aux maigres revenus de transformer quelques parcelles pour en vivre. D'autre part, et surtout, il faut qu'il reste de jeunes agriculteurs pour exploiter ces terres dans nos montagnes !
Cela m'amène au principal problème qui se pose dans nos territoires.
La montagne que je défends, que j'aime, où je suis née et où je vis, n'est plus un territoire propice à l'agriculture, notamment à l'élevage, qui pourtant contribuait depuis des siècles à l'entretien de la montagne.
Non reconnue dans sa spécificité par la loi de modernisation agricole, suspendue pour sa survie à l'indemnité compensatoire de handicaps naturels et aux diverses primes dont la pérennité au-delà de l'année 2013 n'est pas assurée, l'agriculture de montagne est en survie et l'élevage en grand danger de disparition.
Combien d'attaques cette nuit ? Combien de victimes ? Dans quel alpage ont-ils frappé ? Telles sont les questions que l'on se pose chaque matin dans les Hautes-Alpes en cette saison d'estive.
Les réponses sont données par les radios locales : « Cette nuit, une violente attaque, malgré la présence de bergers et de chiens de protection, a fait trente victimes, dix mortes, vingt blessées » ou bien : « le loup a été vu en plein jour, à trois mètres d'une bergerie, emportant une chevrette » ou bien encore, dans Le Dauphiné libéré de ce jour : « l'ONCFS dénombre seize loups regroupés en trois meutes dans la vallée de l'Ubaye », c'est-à-dire dans la circonscription voisine de la mienne, celle de Daniel Spagnou, que j'associe à mon propos.
Monsieur le ministre, l'exaspération des éleveurs est à son comble.