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Intervention de Nicolas Forissier

Réunion du 30 juin 2010 à 15h00
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Forissier :

Cela ne veut pas dire que la France toute seule nourrira le monde, mais elle peut y contribuer, et peut aussi en tirer parti. Cela suppose que, si nous définissons cette nouvelle frontière, si nous allons au-delà de nos habitudes de pensée, qui sont – disons les choses comme elles sont –, trop européennes, eh bien, nous devons également fournir un effort considérable pour soutenir l'internationalisation de nos filières agricoles et alimentaires, soutenir nos PME à l'exportation.

L'industrie agroalimentaire française – je ne suis pas mal placé pour en parler –, c'est 10 000 entreprises, dont 500 très grosses ou un peu moins grosses, toutes les autres étant des TPE. Aborder un marché comme l'Inde, qui n'attend qu'elles pour répondre à ses propres défis et à ses besoins de consommation, est impossible à ces petites entreprises, car la Chine, le Brésil, tous les pays émergents sont des pays difficiles d'accès. Nous devons donc imaginer de nouvelles méthodes, et il faut en outre que l'État mette les moyens pour accompagner les petites entreprises sur ces marchés.

C'est très important, compte tenu de la structure de notre commerce extérieur agricole et agroalimentaire. Actuellement, près de 70 % de nos exportations dans ce domaine se font sur le marché de l'Union européenne, déjà relativement saturé, et qui se caractérise en outre par le retour de pays comme l'Allemagne, très dynamique et organisée, et l'émergence des pays d'Europe centrale, dont l'agriculture et les industries agroalimentaires commencent à devenir performantes. Nos positions acquises se font donc laminer.

Si nous ne nous tournons pas, avec volontarisme et en consentant les moyens nécessaires, vers les pays émergents, nous ne pourrons assurer cet avenir qui est une véritable nouvelle frontière pour l'agriculture. Répondre au défi alimentaire mondial, cette vraie stratégie qu'il nous faut construire pour nos agriculteurs, pour notre ferme France, repose sur une dimension offensive, dont je voudrais, monsieur le ministre, que vous vous fassiez l'avocat dans les mois et les années à venir ; je sais que cela correspond à votre pensée. Tout ce que vous aurez fait, à l'instar de cette loi, deviendra alors véritablement utile et permettra de construire la nouvelle frontière de notre ferme France. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

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