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Intervention de Jacques Lamblin

Réunion du 30 juin 2010 à 15h00
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Lamblin :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, aujourd'hui comme il y a quarante ans, lorsque j'étais étudiant, je fais régulièrement la navette entre Nancy et Paris. Le train me permet de traverser la Lorraine, la Champagne, l'Île-de-France.

En quarante ans, y a t-il eu du changement ? Dans la mesure où ces régions sont, depuis des temps immémoriaux, des régions d'openfield, il est probable qu'un observateur peu au fait des réalités agricoles vous répondra que, non, cela n'a pas tellement changé. En revanche, un expert – ce que je ne suis pas – ou un généraliste éclairé – ce que je crois être – vous dira que les changements ont été considérables. Certaines productions végétales, au cours de ces quarante années, ont prospéré avant de quasiment disparaître, pour maintenant réapparaître. Les productions animales ont régressé. Nombre de prairies naturelles ont disparu probablement définitivement. Les espaces dédiés à la biodiversité – des boqueteaux qui mouchetaient le paysage – ont, pour la plupart, disparu. Les tracteurs sont de plus en plus gros. Dans les fermes, à la campagne, la maison d'habitation est souvent fermée.

Si l'on y réfléchit bien, tous les changements que je vous décris – et je pourrais en citer d'autres – ne sont pas liés à l'évolution du marché, à la loi de l'offre et de la demande. Ce n'est pas une évolution naturelle, mais dirigée. Ils sont la résultante, au fil du temps, de la politique agricole commune, avec ses réglementations et ses normes. Je n'émets pas de jugement de valeur, je dresse simplement un constat. Les agriculteurs, entrepreneurs courageux et rationnels, ont tout simplement appliqué de façon optimale les règles qui leur étaient imposées.

Où en sommes-nous aujourd'hui ? Lorsque vous êtes arrivé au ministère de l'agriculture, monsieur le ministre, vous avez trouvé, du fait d'un bouleversement historique de la conjoncture, des agriculteurs en grande difficulté, certains se trouvant même au bord de la ruine. De plus, au niveau européen, une vulgate selon laquelle il convenait de déréguler et de baisser les crédits s'est imposée au fil des ans. Il faut bien reconnaître que, voici un certain nombre d'années, en France même, certains ont sans doute fait preuve d'imprudence et ont manqué d'énergie pour éviter que cette vulgate ne prospère. Une évidence s'impose désormais. Comme vous nous l'avez expliqué hier, il faut mener une stratégie sur deux fronts. La bataille européenne risque d'être difficile parce que la France, qui n'est qu'un pays parmi vingt-sept, ne maîtrise pas tout l'exécutif et n'a qu'une partie du pouvoir. Nous devons donc mener une politique d'alliance, d'adhésion. C'est ce à quoi vous vous employez depuis de nombreux mois maintenant avec, incontestablement, un certain succès, voire un succès certain. Vous devez continuer et nous vous souhaitons de réussir dans cette direction.

Vous disposez pour cela d'un certain nombre d'armes. J'insisterai sur celle à laquelle l'opinion publique française et européenne peut être le plus sensible, la sécurité alimentaire : la sécurité quantitative, bien sûr, mais aussi et surtout la sécurité qualitative sur le plan de la nutrition, du sanitaire et également, en France, sur le plan organoleptique. Cette arme, il ne faut pas hésiter à l'utiliser au mieux.

Il y a ensuite la bataille de France. C'est la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche que nous allons examiner pendant les jours qui viennent. Il s'agira de moderniser, d'adapter, de réguler, de sécuriser, mais aussi de libérer et de diversifier. Nous serons à vos côtés pour travailler encore et parvenir au texte le plus avantageux possible pour l'agriculture française et, de façon plus générale, pour l'économie agroalimentaire française.

Dans votre discours d'hier, monsieur le ministre, vous avez rappelé une vertu, la tempérance. Je vous sais fin lettré et je n'aurai pas la prétention de vous rappeler que c'est l'une des quatre vertus cardinales des philosophes antiques. Pour réussir dans les mois qui viennent, vous aurez aussi besoin des trois autres : le courage, la prudence et la justice. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

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