Cependant, quelques interrogations subsistent. Quels critères seront véritablement pris en compte pour fixer les prix ? Je veux parler de la notion du coût de revient, s'agissant des contrats. Aujourd'hui nos agriculteurs possèdent un droit à produire qui représente une valeur. Que deviendra ce droit lorsque seront créées les associations d'organisations de producteurs ? J'appelle aussi votre attention, monsieur le ministre, sur la nécessaire représentation de toutes les sensibilités dans les interprofessions.
Je tiens également à souligner à cette tribune que, s'il existe en France une agriculture, il y a surtout plusieurs modèles agricoles qui doivent cohabiter. Il n'y a pas, d'un côté, une agriculture productive, source de richesses et d'emplois pour le pays – et il n'est pas question de la dénigrer –, de l'autre, une agriculture familiale et, enfin, une agriculture plus biologique et en marge de la société : il n'y a qu'une agriculture que nous souhaitons défendre.
S'agissant de la filière, je souhaite interpeller le Gouvernement et la représentation nationale et prendre la population à témoin. Le Gouvernement et la loi ne régleront pas tout. Face aux problèmes que rencontrent nos agriculteurs, chacun doit prendre sa part de responsabilité : les producteurs, les transformateurs, les industriels et les distributeurs. Nous avons parlé des centrales d'achat et de la grande distribution. Je les appelle à assumer leurs responsabilités et à faire preuve d'éthique. Nous demandons de la transparence. Si la loi y travaille, il y va aussi de la responsabilité des centrales d'achat et des dirigeants de l'industrie agroalimentaire.
J'ajouterai, enfin, et c'est essentiel, que : prix rémunérateur égale revenu ; espace rural égale aménagement du territoire ; installation égale transmission aux nouvelles générations ; contrat égale confiance ; Europe égale harmonisation ; retraite agricole égale dignité humaine ; territoire rural égale identité, racine, culture ; mondialisation égale ouverture sur le monde, donc déplacement des femmes et des hommes, mais aussi des marchandises et des biens à l'échelle mondiale.
Pour conclure, je tiens, monsieur le ministre, à vous dire ma confiance, mon soutien et mes encouragements, parce que votre mission est difficile.