Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dans le meilleur des cas, depuis des mois, les agriculteurs français vivent dans l'angoisse et s'interrogent très fortement sur leurs perspectives d'avenir. Dans le pire des cas, ils vivent des drames personnels et familiaux. Dans nos régions, dans nos circonscriptions, tous les représentants professionnels, quelle que soit leur sensibilité syndicale, nous ont fait part de cette terrible réalité.
Monsieur le ministre, vous qui avez, je peux en témoigner, une capacité d'écoute hors du commun à l'égard de toute la profession agricole, mais aussi des pêcheurs, vous n'avez pas seulement su écouter, vous avez entendu la détresse de ces professionnels. Vous savez depuis des semaines que le plan de soutien à la profession, décidé à l'automne dernier, ne permettrait que de surmonter les difficultés conjoncturelles. C'est pourquoi, aujourd'hui, vous présentez une réponse structurelle aux problèmes rencontrés.
Cependant, ne soyons pas naïfs, mes chers collègues ! S'il est essentiel que les agriculteurs français sachent que nous sommes bel et bien mobilisés sur ce sujet, peu d'évolutions sont constatées sans une régulation du marché au niveau européen. Vous vous êtes battu, monsieur le ministre, et je sais que vous continuez à le faire, pour obtenir des accords de nos partenaires et voisins. Le combat que vous menez nous permet d'espérer que cette régulation trouvera sa place dans la réforme de la politique agricole commune. Je voulais vous assurer à nouveau que, sur ce point, nous sommes tous derrière vous.
Permettez-moi maintenant d'aborder quelques sujets précis.
Nous le savons tous, c'est grâce à une meilleure répartition du prix des produits alimentaires entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs que l'on trouvera une partie de la réponse. Les contrats, même s'ils peuvent faire peur, car il s'agit d'un changement important dans les relations commerciales, sont la seule garantie pour les agriculteurs de bénéficier d'un revenu stable et d'une visibilité sur leur revenu dans les années à venir.
Or ils sont confrontés à la réduction des espaces fonciers, surtout dans des secteurs à fort développement économique ou de lutte contre les inondations. Nous le vivons dans l'agglomération havraise. Je souhaite que la commission mise en place s'empare de ce problème vital pour nos agriculteurs et travaille en collaboration avec les élus, qui sont aujourd'hui très sensibilisés pour limiter la réduction du foncier agricole dans l'élaboration des PLU.
L'agriculture française, sur laquelle nous nous penchons aujourd'hui, ce sont essentiellement des exploitations familiales, ce sont aussi des exploitations à taille humaine. Certes, elles produisent, et c'est leur première fonction, mais ne minimisons pas leur fonction d'aménagement du territoire et de maintien du tissu rural. Cependant, elles ne doivent pas être que des jardiniers du paysage. Garantir à ces familles un revenu stable est donc un impératif. Elles ont, avec les pêcheurs, une mission noble, celle de nourrir les hommes.
J'appelle votre attention, monsieur le ministre, sur le poids des normes sociales et environnementales. Dans certaines régions, des efforts colossaux ont été faits ces dernières années pour mettre aux normes des bâtiments d'élevage, et c'est le cas en Seine-Maritime. C'est une bonne chose, car les outils de travail se sont modernisés, mais il faut veiller à ce que les normes ne changent pas sans cesse et à ce que les contrôles ne se transforment pas en tracasseries administratives. Il faut obtenir une simplification de toutes les procédures. Enfin, il faut veiller à ce qu'il n'y ait plus d'augmentation de charges dans ce secteur qui ne saurait y résister.
Je voudrais également profiter de ce débat pour me faire l'écho des attentes fortes sur les retraites agricoles.