Monsieur le ministre, je sais que vous partagez largement ce constat, je sais que vous n'êtes pas de ceux qui ont défendu l'idée d'un libéralisme mal conçu et mal organisé qui produit l'inverse de ce à quoi le libéralisme doit aboutir.
Le deuxième préalable à une bonne loi agricole, c'est de concevoir une stratégie agricole qui ne soit pas indépendante d'une stratégie industrielle de transformation des matières premières agricoles car la création de valeur ajoutée se réalise de plus en plus vers l'aval.
Une telle politique agro-industrielle suppose qu'un effort considérable soit fait dans la recherche et le développement – qui existe dans quelques filières, hélas trop peu nombreuses – et que de grands groupes agro-industriels soient créés pour pouvoir exporter dans le monde entier. Il existe bien des marchés régionaux mais croire que l'agriculture française vivra sur des petits créneaux, notamment locaux, est une illusion. Certains agriculteurs vivront sur ces marchés mais l'agriculture française dans son ensemble ne peut pas vivre uniquement sur des petits créneaux. Or la compétitivité de l'industrie agroalimentaire française s'est dégradée, comme en témoigne la dégradation de notre balance commerciale agro-industrielle.
Le troisième préalable à une bonne loi de modernisation agricole, c'est de rééquilibrer les relations entre la grande distribution et le monde agricole. La France connaît en matière de produits alimentaires le système de distribution le plus concentré du monde occidental.