Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, ce texte est important à trois titres :
D'abord, il traite d'un sujet fondamental pour la France continentale et l'outre-mer avec ses spécificités, celui de son agriculture et, disons-le, du maintien ou non d'un outil de production et de transformation national ;
Ensuite, il intervient dans un contexte perturbé, celui d'une double crise, celle globale qui touche tous les pans de l'économie et celle plus spécifique qui s'est abattue sur les productions agricoles, dont les fruits et légumes, sur l'élevage, avec une chute historique en 2009 des revenus des producteurs de 34 % à 50 % dans certaines productions ;
Enfin, ce texte a, et ce n'est pas rare certes, un impact immédiat sur toute la population, sur les producteurs, notamment les plus petits, mais aussi sur chacun d'entre nous qui, comme acteur du geste de consommation, acteur politique de ce geste, peut être assurément touché, influencé, conduit vers de nouveaux comportements.
Ce texte est à ce point important pour l'ensemble des députés radicaux de gauche et apparentés du groupe SRC que nous avons déposé une soixantaine d'amendements sur des sujets divers mais qui, au total, disent notre attachement à l'agriculture, à la forêt et à la pêche.
Les amendements expriment naturellement notre point de vue et, dans le temps qui m'est imparti, je vais me limiter à deux questions d'ordre général.
La première, monsieur le ministre, est celle du rôle central de l'agriculture dans notre pays. Je voudrais dire à celles et à ceux qui, à cet égard, parlent d'un « folklore français » – j'ai entendu l'expression avec peine — au sujet de notre agriculture, de ne pas méconnaître le lien direct qui existe entre notre outil de production et notre sécurité alimentaire, sécurité des approvisionnements et sécurité des denrées alimentaires. Car il y a là un lien direct. Certes, nous avons un excédent commercial agroalimentaire de 9 milliards d'euros aujourd'hui, mais, rappelons-le, le rationnement était de mise il y a cinquante ans.
On voit, dans ce contraste, le travail formidable accompli même si l'accès à une alimentation suffisante demeure encore un enjeu pour une partie de notre population. Il y a un lien direct aussi parce que nous ne sommes pas seuls au monde. Autour de nous, en Europe, il y a 500 millions de consommateurs qu'il faut nourrir dans des pays, parfois pourtant très développés, parfois donnés en exemple par les marchés financiers, pays qui n'ont pourtant pas la capacité structurelle à garantir leur sécurité alimentaire et pour qui cette question est un enjeu et deviendra, à court terme, une question de survie.
Dans ce contexte, la France, qui est de loin la première puissance agricole et agroalimentaire européenne, a un devoir vis-à-vis d'elle-même mais aussi vis-à-vis de ses voisins.
Nous ne sommes pas seuls au monde, sur une terre où se joue de plus un scénario implacable. Depuis le moment où j'ai pris la parole, il y quelques minutes, douze enfants sont morts de faim dans le monde, parmi le milliard de personnes pour qui s'alimenter est un combat de tous les jours. Et dans le même temps, 50 hectares de terre agricole ont disparu.
Ces prismes européens et mondiaux, l'horizon de 9 milliards de personnes à nourrir en 2050 et la nécessité pour ce faire de doubler la production agricole font comprendre, je l'espère, la situation dans laquelle nous sommes de devoir préserver notre foncier agricole et notre appareil de production.