France 3 a diffusé hier soir – hasard de la programmation ? – une excellente émission dont les conclusions justifieraient à elles seules un renvoi en commission. Ce qui y fut dit, en particulier concernant la pêche, était des plus éloquents. Il y a lieu en effet de s'interroger sur la qualité d'un certain nombre de poissons. Votre propre réaction, monsieur le ministre, à la proposition d'Élise Lucet de goûter le plat qui vous était présenté était également très instructive. Les PCB, les antibiotiques, les pesticides sont le quotidien d'un certain nombre de nos concitoyens, et même sans doute de la majorité de la population française. Voilà la réalité.
Comment sortir de cette problématique ? Un retour en commission serait tout à fait justifié afin que votre texte aborde ces questions.
La mauvaise qualité des produits liée à un environnement déplorable s'ajoute à la pression sur les droits sociaux et sur les prix. Comment feront les millions de consommateurs qui, faute d'information ou, surtout, faute de moyens, ne peuvent se passer d'une telle nourriture ?
Dans le même temps, nous assistons à une chute sans précédent des revenus agricoles : jusqu'à 50 % de baisse des prix de certaines productions. Oui, le quotidien, monsieur le ministre, est bien sombre pour une grande partie du monde agricole en matière de revenus, d'autant que cette situation s'accompagne de la baisse du nombre d'exploitants, de leur non-renouvellement, ce qui met en péril l'équilibre même de nos territoires et conduit à une désagrégation du monde rural. C'est le signe que l'agriculture ne permet plus aux producteurs de bien vivre et d'assurer la sécurité alimentaire, y compris celle des consommateurs. Or cela ne devrait-il pas être le fondement d'une politique agricole ?
C'est aussi le signe que la politique européenne est vissée au dogme libéral. Vous l'avez dit vous-même, monsieur le ministre : en Allemagne, la compétitivité, c'est aussi l'embauche de Polonais à bas coût. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Voilà qui en dit suffisamment sur l'Europe agricole en marche.
Vos solutions ne sortent pas du cadre libéral dont on constate les conséquences sur les territoires et sur les producteurs. En réalité, elles intègrent toujours davantage les producteurs, en particulier, à des contrats imposés par les grands intérêts qui se nourriront de la compétition permanente présentée comme la panacée, avec des systèmes assuranciels qui étoufferont de plus en plus les producteurs. J'oserai le dire, monsieur le ministre : agriculture et industrie, même combat. En effet, les enjeux sont identiques.
Notre but et notre mot d'ordre à tous devrait être de produire de la qualité et de la sécurité ici, en France…