Monsieur le ministre, nous savons que vous aimez à relire la dernière lettre de Virginia Woolf. Elle y écrit une belle formule : « Alors, je fais ce qui me semble la meilleure chose à faire. »
Chacun de nous peut faire de cette formule sa religion politique. Nous faisons tous aujourd'hui le constat de 1'échec du libéralisme. C'est un échec social, financier, environnemental et humanitaire. Sur les six milliards d'habitants de notre planète, un milliard souffrent de malnutrition, et ce sont pour la plupart des paysans auxquels les techniques modernes de production sont refusées.
Ce que vous croyez aujourd'hui être la meilleure chose à faire en matière agricole n'apportera pas de solution aux agriculteurs parce que vous refusez de changer l'axe économique de la politique agricole. Vous êtes prisonnier du dogme ultralibéral de votre gouvernement, qui considère les échanges agricoles mondiaux et l'ouverture des marchés comme le principal objectif à tenir, même si vous nous affirmez le contraire. Vous considérez, avec votre majorité, que le droit social et l'environnement doivent être livrés à la prédation des intérêts du court terme et que la compétitivité de notre économie se fera sur l'abaissement des normes, l'abaissement des droits des Français. Rompre avec votre dogme, c'est cela la meilleure chose à faire.
C'est pourquoi, mes chers collègues, je vous propose de voter la motion de rejet préalable. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)