Nous savons maintenant qu'il y aura réduction de la dépense publique et augmentation des impôts, mais ce n'est toujours pas de la rigueur car il paraît qu'à ces deux critères il faut en ajouter un troisième : le gel des salaires des fonctionnaires. J'imagine que, lorsque cette mesure sera annoncée, car comme d'autres parlementaires je crois avoir compris que telle est la direction dans laquelle le Gouvernement va très vraisemblablement s'engager, il faudra avoir recours à un quatrième critère pour ne pas avoir à parler de rigueur quand tout indique en réalité qu'elle est bien là, non seulement dans les politiques menées au sein de la zone euro, mais dans le discours que nos dirigeants seraient bien inspirés de tenir enfin.
En appliquant en France une politique de rigueur sans le reconnaître, je crains que l'on ait effectivement la rigueur à l'intérieur de nos frontières sans pour autant en bénéficier, à supposer qu'on le puisse, à l'extérieur. Les marchés, les investisseurs, nos partenaires, et notamment l'Allemagne, ont la faiblesse de croire en la valeur des mots prononcés par les dirigeants de chaque pays. Dès lors que les dirigeants français contestent le qualificatif de rigoureux aux politiques qui s'apprêtent à être menées, les uns et les autres risquent de les prendre au mot.
Il faut donc une forme de lucidité, à la fois pour mener ces politiques, c'est-à-dire reconnaître, qu'on le veuille ou non monsieur le rapporteur général, quelques erreurs passées, qui peut commencer à s'exercer à l'occasion de la loi de règlement, photographie définitive de ce que fut l'année budgétaire 2009.
Cette année présente deux caractéristiques au moins. La première concerne le plan de relance dont le rapporteur général a parlé. Il eut trois conséquences. La première, inévitable, fut une dégradation de nos finances publiques. La deuxième fut que notre pays a connu une récession moindre que les autres. En effet, la récession fut de 2,6 % du PIB contre 5 % du PIB en Angleterre, 4,9 % en Allemagne et 4,7 % en Italie. Après tout, si ces rapports avaient été inversés, l'opposition n'aurait pas manqué de le souligner. Il est donc juste d'indiquer que la récession fut moins importante dans notre pays qu'ailleurs.