Je vous l'ai dit, je suis très hostile à cette proposition de loi, pour plusieurs raisons, mais surtout parce que je la crois totalement inefficace et inutile. Il s'agit d'une sorte d'effet d'annonce, qui n'incitera nullement les élèves absentéistes à retourner en classe.
Pour ne pas prolonger mon propos au risque d'être interrompu par le président, je me contenterai de vous interroger, monsieur le ministre.
Vous venez de rappeler que la part des allocations qui serait suspendue serait fonction du nombre d'enfants absentéistes. Or je sais, pour l'avoir personnellement observé, comme tous mes collègues enseignants, que des élèves appartenant à une même fratrie peuvent se comporter très différemment à l'école, pour des raisons qu'il serait trop long d'expliquer ici. Je songe à des cas bien déterminés, dans une école, dans un quartier, dans un logement bien précis. Au sein d'une même famille, un enfant peut être un absentéiste chronique, auquel votre dispositif pourrait donc s'appliquer, et un autre se révéler très brillant, parce qu'il a compris que l'école représente une chance pour sa carrière future.
En pareil cas, vous diviserez par deux les allocations familiales ; vous venez de le confirmer. Or je ne connais aucune famille qui distingue précisément, dans son budget, la part qu'elle consacre à chacun des enfants. Pour parler clairement, l'enfant brillant malgré des conditions sociales difficiles, qui va à l'école, qui travaille et qui a beaucoup de mérite à le faire dans de telles conditions, sera pénalisé, et le sera lourdement car, dans ces familles, quelques euros comptent beaucoup.
C'est aussi cela qui me met en colère : vous allez pénaliser des élèves brillants et méritants. J'espère que ce n'était pas là votre intention, et je vous demande de renoncer à ce texte.