Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, chers collègues, qu'il me soit permis en cet instant décisif pour notre engagement européen de vous rappeler la responsabilité qui incombe à chacun de nous dans cet hémicycle, aux sensibilités de droite comme de gauche, après la crise que nous venons de traverser.
C'était en 2005, la France et les Pays-Bas refusaient le traité établissant une Constitution pour l'Europe, et les espoirs de relancer l'Union européenne comme un projet à la fois d'envergure et attractif se mettaient en berne. Dois-je vous rappeler la crispation qui s'est saisie de l'Europe tout entière, le doute qui a semblé ébranler un projet commun, nourri par cinquante années d'écoute, de compréhension, de tolérance, abreuvé par un demi-siècle d'efforts pour dépasser les frontières du passé et tendre la main à ceux qui étaient des ennemis ou des étrangers, et qui aujourd'hui sont nos amis les plus dévoués et sans lesquels on ne saurait envisager l'avenir ?
Le « non » français, contrairement à ce que certains ont laissé entendre, ne marquait pas plus un effritement du lien qui nous unit aux autres États membres qu'un refus de s'engager plus loin dans l'aventure européenne : il a, à juste titre, rappelé que c'étaient les peuples qui faisaient la force de l'Europe, et qu'il nous fallait être attentif à leurs inquiétudes.
Et c'est ce que le Président de la République a fait. Il n'a pas nié qu'il y avait une profonde crise de défiance ; il n'est pas non plus resté sourd aux cris d'angoisse de millions de femmes et d'hommes qui ne se sentaient plus assez protégés par l'Europe ; mais il n'a pas pour autant tiré un trait sur l'Europe, car cela n'a jamais été le souhait des Français. Ce souhait, Valéry Giscard d'Estaing l'avait bien compris, et à ce titre j'aimerais le remercier pour son engagement européen sans faille, et notamment pour sa présidence exemplaire de la Convention, sans laquelle nous ne débattrions de ce texte aujourd'hui.