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Intervention de François de Rugy

Réunion du 6 février 2008 à 21h30
Ratification du traité de lisbonne — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Franchement, je n'ai pas l'impression que cela suscite un enthousiasme débordant parmi les Français.

Est-ce à dire que la France voudrait se figer dans une forme de conservatisme ou qu'elle voudrait ériger de nouvelles lignes Maginot ? Pour certains, très minoritaires, peut-être. Mais, dans leur grande majorité, les Français demandent simplement à maîtriser les évolutions, ils demandent des protections. Qui peut le leur reprocher ? L'élargissement de l'Europe, par exemple, est tout à fait légitime. Personne ne conteste cette perspective historique, mais il aurait fallu renforcer nos institutions avant, plutôt que de constater la paralysie après. Il serait juste, normal, légitime de négocier des transitions et des ouvertures maîtrisées, qui correspondent à une concurrence loyale. Au lieu de cela, il faut bien dire que, aujourd'hui, on met les États, leurs systèmes de protection sociale ou leurs fiscalités en concurrence, en refusant toute idée d'harmonisation.

De même, on peut se demander si les dirigeants de la Commission européenne, M. Barroso en tête – qui, rappelons-le, a été le Premier ministre conservateur du Portugal pendant de nombreuses années –, n'organisent pas sciemment la désindustrialisation de l'Europe en ouvrant le marché européen à la concurrence mondiale comme aucun autre marché au monde. Le marché européen va devenir le plus ouvert du monde. Comment accepter de voir les délocalisations se multiplier – tous les jours on en apprend, et il ne suffit pas d'aller dans une usine à Gandrange pour régler le problème –, alors qu'elles sont d'abord le fait d'une concurrence déloyale de pays comme la Chine, qui ne respectent aucune des règles démocratiques, écologiques et sociales qui sont le fondement du pacte d'origine de l'Union européenne ? Et je ne parle pas de la politique monétaire qui obéit à une sorte d'obsession idéologique vis-à-vis de la lutte contre l'inflation, alors que la récession guette du fait d'un accès de plus en plus difficile au crédit. Quand on voit comment la Réserve fédérale américaine réagit dans les mêmes circonstances, on se dit que, décidément, d'autres choix seraient possibles, ne serait-ce qu'en nommant des gouverneurs de la Banque centrale européenne un peu plus pragmatiques.

Le « non » de 2005 a été autant à l'origine d'une crise que le résultat d'une crise de la construction européenne, crise qui remonte déjà à plusieurs années, crise qui prend ses racines dans ces dérives de la construction.

Les partisans sincères et même parfois passionnés de la construction de l'Europe – dont je suis (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire) –…

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