Or les Français n'ont-ils pas sanctionné en 2005 le fait que l'Union européenne est clairement en train de devenir, élargissement après élargissement, une vaste zone de libre-échange, dépourvue de toute ambition politique, démocratique, écologique et sociale ? N'est-ce pas la vision britannique qui est en train de triompher ? Cette vision d'une Europe inexistante politiquement, et donc de fait alignée sur les États-Unis d'Amérique, ne va-t-elle pas triompher, y compris – c'est un comble ! – avec la complicité de la France, sous la conduite du Président Sarkozy ?
Commission européenne après Commission européenne, l'ultralibéralisme n'est-il pas en train de devenir un but en soi ? Et je ne parle pas de l'économie de marché, qui a de fait été acceptée par la quasi-totalité des courants politiques et que les Français ne souhaitent pas particulièrement remplacer par un autre système. Mais le peuple de France est un peuple plein de sagesse et il voit bien que, d'une approche pragmatique de l'économie, on a basculé dans une approche purement idéologique.
La concurrence interne à l'Union européenne peut certes être positive. Mais, quand elle est érigée en dogme et quand on met en concurrence des entreprises qui ne travaillent pas dans les mêmes conditions en matière de droit du travail et de fiscalité, tout est tiré vers le bas. On le voit tous les jours. C'est la logique du low cost et du hard discount qui se généralise.
Qui peut reprocher aux Français d'avoir voulu donner un coup d'arrêt à cette logique destructrice ? Il y a certes des gens, comme M. Attali dans un récent rapport, qui voudraient aller encore plus loin dans cette logique.