Quelle est votre appréciation sur l'Iran et son éventuelle menace nucléaire ? C'est aujourd'hui un sujet majeur, vous avez vu les dernières résolutions des Nations Unies et je souhaiterais connaître votre sentiment. Croyez-vous que Téhéran mène une politique militaire nucléaire ? La prenez-vous au sérieux ?
Le cardinal Sfeir. Le Hezbollah a des ambitions, il est soutenu par certains pays qui l'arment. Il défend ses positions, qui s'éloignent des positions officielles. Il ne faut pas s'en étonner : on ne peut avoir deux armées dans un même pays. Quant à Israël, pour tous les pays arabes, c'est l'ennemi, même si certains entretiennent des relations secrètes avec lui. On ne peut ignorer les ambitions d'Israël sur le Liban, qui a résisté à l'invasion. Actuellement, il n'y a pas de relation officielle. Avant de se risquer à l'envahir de nouveau, Israël devra y réfléchir.
Le général Aoun a une ambition politique et se cherche des alliés. Il a trouvé le Hezbollah mais c'est un parti politique qui a ses propres ambitions et on ne sait pas à quoi cela va aboutir. Le général Aoun n'est plus aussi fort que ce que l'on dit : il a perdu des députés, a moins de puissance, y compris chez les chrétiens maronites.
Comme je l'ai dit, au Liban, il y a 18 communautés religieuses différentes qui ont toujours vécu ensemble. En Israël, c'est différent, les Juifs ont une ambition de domination politique de ce pays. La religion est très incrustée dans notre région proche orientale et envisager la laïcité me paraît à l'heure actuelle difficile. Ce pourrait être éventuellement applicable aux chrétiens, mais on ne le pourrait pas pour les musulmans.
Un retour en arrière sur le Liban d'autrefois n'est bien sûr pas possible. Il y a deux grandes communautés, les chrétiens et les musulmans, qui ne peuvent que continuer de cohabiter, sans rien changer.
Le programme iranien fait peur à l'ensemble de la région mais beaucoup n'osent pas s'afficher contre. Il faudrait que l'Iran y renonce.