Eminence, c'est un honneur pour la commission des affaires étrangères de vous recevoir aujourd'hui ; permettez-moi de vous remercier chaleureusement en son nom d'avoir accepté son invitation.
Vous êtes certainement l'une des personnalités libanaises les plus connues en France, non seulement du fait de la haute fonction que vous occupez et de l'immense respect que vous inspirez, mais aussi parce que vous incarnez la constance et la stabilité dans un pays mal mené par l'histoire dont la situation intérieure apparaît terriblement complexe aux observateurs que nous sommes.
Ce matin, à l'occasion de la présentation par Elisabeth Guigou et Renaud Muselier de leur rapport d'information sur la place de la Syrie dans la communauté internationale, nous avons inévitablement abordé la question des relations du Liban avec la Syrie. Vous qui avez toujours résisté à l'occupation syrienne et pris position en faveur de l'indépendance et de la souveraineté du Liban, pourrez certainement nous faire part de votre analyse de l'état actuel des relations entre les deux pays dont nous avons le sentiment qu'elles se sont plus ou moins normalisées d'un point de vue formel, mais que beaucoup reste à faire sur les questions de fond.
Si vous en êtes d'accord, Eminence, je vous propose de vous céder la parole pour une intervention liminaire sur la situation intérieure du Liban et son positionnement régional, puis nous nous permettrons de vous poser quelques questions.
Le cardinal Sfeir. Je vous remercie infiniment de nous recevoir, avec mon collègue Son Exc. Mgr Abou Jaoude, avec l'ambassadeur du Liban et avec mes autres compagnons.
Nous sommes sûrs des liens historiques qui lient la France et le Liban. La France a été la puissance mandataire et à cette occasion se sont tissées des relations d'amitié qui remontent loin et nous entendons qu'elles restent ce qu'elles ont été. Les très nombreux jeunes Libanais qui étudient dans les universités françaises sont le gage de la pérennité de cette amitié. La France a toujours été au côté des Libanais, surtout dans les difficultés, et les difficultés actuellement ne manquent pas avec des pays bien connus de tous qu'il n'est pas besoin de nommer. J'espère que ces relations d'amitié continueront à produire des effets bénéfiques pour les deux pays.
Pour ce qui concerne les pays voisins, nous sommes en bonnes relations avec tous nos voisins, surtout avec la Syrie, qui est un pays limitrophe ; ces relations connaissent des hauts et des bas mais je crois qu'elles sont en bonne voie de se raffermir. C'est dans ce but que le Président de la République libanaise va se rendre à Damas et j'espère que cette visite aura des effets positifs.
Nous avons des relations difficiles avec l'Iran car ce pays soutient le Hezbollah, un mouvement à part, qui cherche à étendre son emprise sur le Liban.
Le Liban est un petit pays qui ne demande qu'à poursuivre son chemin en paix. Je vous remercie de nous recevoir et de nous écouter.