Si certains de nos collègues pensent que la réussite scolaire n'est pas qu'une question de moyens, je dois souligner que ces derniers y participent très largement ainsi que le démontre le bilan inquiétant de ces trois dernières années qui ont vu la suppression de 40 000 postes d'enseignants, les remises en cause des RASED au détriment des élèves les plus en difficulté, du sport scolaire ou encore de la scolarisation des moins de trois ans.
À ceux qui se demandent pourquoi il faut plus d'enseignants aujourd'hui qu'hier, il convient de répondre que de nouveaux besoins naissent de l'entrée en troisième de la quasi-totalité des élèves – contrairement aux années quatre-vingt, où seuls 70 % d'entre eux y parvenaient –, mais aussi de la création de filières nouvelles dans les collèges, lycées et lycées professionnels pour répondre à la demande de formation.
Je partage avec vous le constat véritablement douloureux pour les élèves et les familles que, trop souvent, l'orientation est dans la suite logique d'un échec scolaire. Il nous faut également constater qu'en Europe, seuls deux pays ont des classes plus surchargées que la France au niveau du premier cycle et trois pays pour les collèges.
Enfin, au-delà de l'approche comptable, il est important d'avoir une approche territoriale, car chaque fois qu'une classe ou une école est fermée dans un quartier ou dans un village, ces derniers se meurent. J'ai également noté les chiffres impressionnants du rapport sur le nombre des jeunes professeurs dont les premières affectations se font dans des établissements ou des classes fragiles comprenant des jeunes en grande difficulté. Ne doit-on pas craindre une aggravation de ce phénomène en raison de l'abandon des instituts universitaires de formation des maîtres et d'une formation spécifique au métier d'enseignant, laquelle permettait aux futurs professeurs d'être théoriquement et pratiquement préparés à gérer des classes ?