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Intervention de Jean-Philippe Maurer

Réunion du 16 juin 2010 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Philippe Maurer :

Je suis sceptique sur la capacité de notre système à évoluer. La problématique de l'échec scolaire m'intéresse particulièrement. Les trois collèges « ambition réussite » de mon département se trouvent ainsi dans ma circonscription mais ce sont les trois derniers en termes de résultats, ce qui conduit à se demander si ce qualificatif est bien adapté.

Les indicateurs académiques me laissent également perplexes. Un principal de collège a ainsi pu me présenter, comme indicateur de la qualité de l'ambiance dans l'établissement, le nombre de déclenchements d'alarme incendie, et se féliciter d'une baisse de 400 à 40 en deux ans…

En tant qu'élus, nous assistons à de nombreuses réunions sans que cela nous permette, au-delà d'un exercice de congratulation, d'obtenir des informations pertinentes sur la vie des établissements, par exemple sur les absences ou les exclusions.

Lorsque l'on évoque la question de l'évitement, il conviendrait sans doute de s'interroger sur ses causes : l'approche de l'Éducation nationale consiste à privilégier une explication par l'échec scolaire, mais l'attitude des parents s'explique par bien d'autres raisons. Même si un établissement semble bien géré, son environnement peut en détourner les familles. Il nous faudrait des indicateurs plus pertinents pour ces phénomènes.

S'agissant du soutien scolaire, on peut s'interroger sur le pilotage des différents dispositifs : les centres socio-culturels en dispensent, de même que des associations, alors que, dans ce dernier cas, la qualité du suivi n'est pas toujours exempte de reproche. L'ensemble de ces initiatives est subventionné par des fonds publics, en particulier dans le cadre des contrats urbains de cohésion sociale, mais pour remédier à cet empilement, il conviendrait peut-être de replacer l'établissement scolaire au centre du dispositif. Il est vrai que les directeurs d'école ne connaissent pas toujours le quartier où se situe l'école pour ne pas y habiter eux-mêmes ou pour n'y faire qu'un bref passage.

Par ailleurs, les établissements se plaignent du faible taux de retour des signalements qu'ils effectuent.

L'organisation des réseaux d'éducation prioritaires exclut pour sa part de nombreuses écoles élémentaires, qui ne sont pas géographiquement liées au collège tête de réseau, mais se situent tout de même dans des zones où se trouvent des maisons d'enfant à caractère social. Ces problèmes de zonage laissent les enseignants seuls face aux difficultés.

Je redoute également la tentation d'une course au savoir au détriment de la transmission du « savoir-être », ce qui est pourtant fondamental pour faire vivre une classe.

Je rappelle en outre que dans les écoles primaires, les enseignants ne sont inspectés que tous les cinq voire sept ans.

Les comparaisons internationales m'inspirent la plus grande méfiance. Vous n'avez pas cité la Finlande, je m'en félicite, mais la Pologne ou l'Ecosse. Il faudrait également se poser la question des parents d'élèves qui n'ont jamais été scolarisés dans leur pays d'origine, et avec lesquels l'école ne parvient pas à établir de lien. Souvent les parents des meilleurs élèves sont très impliqués dans la vie scolaire et ceux des élèves en difficultés se situent à la marge.

S'agissant de la lutte contre l'échec scolaire, l'innovation pédagogique est très importante, mais les remontées du terrain sont malheureusement trop faibles.

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