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Intervention de Hervé Féron

Réunion du 16 juin 2010 à 21h30
Lutte contre l'absentéisme scolaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Féron :

Gardons-nous bien de donner des leçons.

Il y a des problèmes sociaux, financiers, culturels, familiaux, qui contribuent à fragiliser l'enfant, à fragiliser la relation parents enfant. Cela s'appelle les accidents de la vie et nul n'est définitivement à l'abri, y compris dans les familles de catégorie socioprofessionnelle aisée. Donner des leçons à ces parents en difficulté, c'est appuyer sur la tête de ceux qui coulent ; en prétextant qu'ils nageraient mal.

Sur le fond, j'espère que chacun aura réfléchi à l'idée que ces allocations familiales servent aussi à nourrir ces enfants, bien qu'ils soient en difficulté.

L'absentéisme est surtout un symptôme, qui exprime, qui démontre des difficultés, comme une école inadaptée ; je vous renvoie aux conclusions du rapport de la Cour des comptes.

Ces parents, plutôt que de les sanctionner et de les enfoncer un peu plus dans ce qui est souvent une douleur, plutôt que de les stigmatiser et de rajouter à leurs difficultés en les culpabilisant un peu plus, pourquoi ne pas les aider, les accompagner ?

Certains m'objecteront qu'on le fait déjà, que cela ne marche pas ou qu'ils ne veulent pas le faire. Je crois que c'est parce qu'on n'est pas bon. Travaillons d'abord à proposer une école plus adaptée, plus attractive, où chacun trouve sa place. Proposons un accompagnement parental. Permettons aux parents de venir confier leurs difficultés quand ils le veulent, quand ils le peuvent, auprès des professionnels, enseignants, éducateurs, assistantes sociales, psychologues, médecins. Encore faut-il que les postes existent.

Si le professionnel reçoit les parents sans les stigmatiser, sans les juger a priori, il sera plus facile d'établir un lien en confiance. Si nous donnons à ces professionnels les moyens d'écouter ces parents et de travailler en réseau avec les autres professionnels, il sera aisé d'orienter ces parents vers la personne qui pourra réellement les aider en mobilisant au bon moment les bonnes compétences professionnelles.

Toutes les belles images d'Épinal que vous avez évoquées, madame la secrétaire d'État, n'existent pas, ou sont insuffisantes. Je préférerais des propositions éducatives, solidaires, préventives. Ceux qui ajouteront « angéliques », ceux qui n'y croient pas et qui se gaussent sont sur un choix de société individualiste, compétitif, sélectif.

L'échec général des politiques de « responsabilisation familiale », constaté en France comme à l'étranger, révèle que la capacité des parents à contrôler les conduites de leurs enfants mineurs ne saurait être surestimée. Les actions de prévention précoce auprès des parents, en amont du phénomène et en présence réelle de facteurs de risque, sont plus efficaces. Simples et peu coûteuses, ces actions, sous leurs diverses formes, ne nous sont pas inconnues, mais, à l'évidence, elles sont moins spectaculaires.

En fait il vous faut faire du spectacle. Le choix du « tout répressif » est donc opéré. On voit le Président de la République, par ses annonces, récupérer un électorat réactionnaire après la défaite des élections régionales au détriment des plus fragiles. Il a lui-même organisé la casse du service public d'éducation, les pertes de personnels d'encadrement dans nos lycées. Et quelle erreur que de lier d'emblée les violences à l'absentéisme scolaire !

Pis encore, alors que ces dispositions existaient déjà, les présidents de conseils généraux, qui ont la légitimité des élus du peuple, ont choisi de ne pas les appliquer tant elles sont médiocres. Et ce gouvernement, alors qu'il décentralise vers les conseils généraux la charge de la misère, sans compensation, recentralise la sanction en proposant que les inspecteurs d'académie puissent suspendre ces allocations.

Vous êtes dans l'erreur. Il a déjà été démontré que ces sanctions n'étaient pas souhaitables. Il sera démontré qu'elles ne seront pas applicables ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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