Madame la présidente, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, monsieur le rapporteur, cette proposition de loi s'évertue à désigner comme seuls coupables de l'absentéisme scolaire les parents irresponsables, et propose de les punir en supprimant les allocations familiales.
Ce procédé emblématique de la méthode présidentielle – j'espère, monsieur le rapporteur, que vous en serez rapidement récompensé – fait l'économie d'une réflexion en profondeur, l'absentéisme étant avant tout le baromètre des inégalités du système éducatif français. Infliger à des familles qui sont les perdantes du système une sanction lourde de conséquences n'est évidemment pas la solution. En se refusant une fois de plus à toute analyse des causes, votre politique se condamne à un échec programmé, un échec annoncé, un échec inéluctable.
Vous savez fort bien qu'une orientation précoce, lorsqu'elle n'est pas choisie par l'élève, lorsqu'elle est vécue comme un échec, est le premier facteur d'absentéisme. En effet on ne se réveille pas absentéisme un beau matin ; on le devient au terme d'un processus, le jour où l'on n'accepte plus de venir passivement à des cours que l'on a depuis longtemps cessé de suivre.
On sait que pour remédier à ces inégalités il faudrait agir en amont, dès l'école primaire et tout au long de celle-ci. La très forte prévalence de la scolarisation en maternelle, madame la secrétaire d'État, devrait être un atout pour lutter contre les inégalités. Toucher à la maternelle pour des raisons d'économie est inexcusable, tant elle symbolise l'égalité républicaine, l'émancipation des femmes et le progrès de la psychologie infantile.
Tout enfant doit pouvoir être pris en charge par une école maternelle, car la lutte contre l'échec scolaire commence à la maternelle et continue dans le primaire. Orientation, suppression des réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté, ou RASED, rôle de la maternelle, manque flagrant de professeurs, de conseillers d'éducation, d'assistantes sociales, ou encore classes surchargées : pour vous, ce ne sont pas là des problèmes. Pour vous, tout cela ne compte pas.
Monsieur le ministre, la lutte contre l'absentéisme relève d'une politique globale d'éducation. Voilà un constat bien banal, mais il faut toute la démagogie du sarkozysme pour tenter de le faire oublier et de détourner le débat sur le seul sujet des allocations familiales.