En laissant passer dans le secondaire des élèves ne maîtrisant pas les bases de la lecture et de l'écriture, en obligeant ces élèves à rester scolarisés jusqu'à seize ans, en transformant les filières techniques en voies de garage, en bradant le baccalauréat pour l'offrir à 80 % d'une classe d'âge, les responsables de l'éducation nationale ont ouvert la porte à la pire des violences : celle qui commence par l'ennui et qui finit par la haine, celle qui par angélisme condamne tant de jeunes à la double peine, puisque sans intégration scolaire ils sont condamnés à la désintégration sociale.
Ainsi, mes chers collègues, insidieusement, au fil du temps et des réformes, tous les obstacles à franchir dans le cadre du parcours scolaire du primaire vers l'université ont été levés. Les résultats de cette politique sont désastreux : 15 % des enfants sortent de l'école primaire sans maîtriser suffisamment les langages pour accéder utilement à d'autres apprentissages ; au sortir du collège, l'orientation vers la seconde d'enseignement général est massive, mais en fin d'année 15 % des élèves sont invités à redoubler ou à se réorienter ; enfin, 150 000 jeunes sortent de l'enseignement scolaire sans aucun diplôme et sans aucune qualification.
La violence et l'absentéisme qui s'expriment aujourd'hui dans nos établissements scolaires sont trop souvent le fait de jeunes mal orientés, qui n'auraient pas dû avoir accès au collège ou au lycée parce qu'ils n'ont pas le niveau requis.