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Intervention de Jean-Patrick Gille

Réunion du 16 juin 2010 à 21h30
Lutte contre l'absentéisme scolaire — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Patrick Gille :

Il est temps d'apporter une attention soutenue aux élèves en difficulté, de diviser par deux les effectifs des classes dans les quartiers où cela s'avère nécessaire.

Arrêtons de supprimer les postes de professionnels de l'éducation qui ont à coeur de soutenir nos enfants et donnons-leur du temps pour aller voir les familles.

Pour les collèges, le président Picq de la Cour des comptes nous indiquait ce matin en commission l'urgence qu'il y a à mobiliser les moyens pédagogiques et humains pour ceux qui sont le plus en difficultés.

Enfin l'enseignement professionnel nécessite d'être rapidement réformé. Perçu aujourd'hui comme la voie de garage, il faut en faire un véritable lieu de développement des habiletés, des talents et des compétences plutôt qu'une préparation à des filières dont on ne peut garantir les débouchés.

Il faut également réformer les logiques de sélection et de relégation par l'échec pour répondre au mal-être et à la désespérance des élèves face à leur orientation.

Aujourd'hui, l'éducation nationale fonctionne assez bien pour beaucoup, mais peine à remplir son cahier des charges pour certains. Elle doit être en mesure de développer des pédagogies différenciées et reconnaître un droit à la deuxième chance qui lui échapperait en partie.

1l faut lutter contre le décrochage en permettant, par exemple, aux missions locales d'agir le plus en amont possible pour proposer à chaque jeune un accompagnement renforcé vers l'emploi ou vers d'autres modes de qualification, quitte à reprendre le chemin de l'école un peu plus tard, mais sans avoir été livré à soi-même pendant de très longs mois.

Je pense aussi aux écoles de la deuxième chance que je défends avec ferveur – les résultats sont plus que probants et les taux d'absentéisme faibles – que l'État commence seulement à soutenir.

Enfin, il faut que notre pays parvienne à construire un véritable droit à la formation initiale différée qui fasse que tout notre destin social et professionnel ne soit pas scellé au moment où l'on sort, où l'on est évacué de l'école.

Il faut que chacun ait droit à un compte formation crédité de manière inversement proportionnel à ce que lui a fourni l'école. Savoir qu'on a la possibilité de reprendre un parcours de formation plus tard fera que cette sortie ne sera plus vécue comme un échec indépassable ou une relégation sociale qui engendre frustration et violence.

La lutte contre l'absentéisme et le décrochage passe, non par un processus administratif et répressif, mais par un meilleur accompagnement des élèves, des familles, de leurs parents par des équipes éducatives stabilisées, pluridisciplinaires. Cela nécessite quelques moyens.

Nous sommes d'accord pour lutter contre l'absentéisme, mais, monsieur le rapporteur, votre volonté farouche de l'assortir d'une pénalisation stigmatisant des parents reviendrait, comme l'a parfaitement dit l'ex-ministre de l'éducation Luc Ferry, à « ajouter de la misère à la misère ».

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