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Intervention de Jean-Patrick Gille

Réunion du 16 juin 2010 à 21h30
Lutte contre l'absentéisme scolaire — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Patrick Gille :

Vous devriez plutôt avoir à coeur, monsieur le ministre, de soutenir fortement les réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement de parents et de ne pas faire tout financer sur les fonds de la CAF. Vous devriez avoir à coeur de faire en sorte que les médiateurs scolaires – nous pourrions en parler car c'est une bonne idée – ne soient pas sur des emplois précaires et à temps partiel et de développer les écoles de parents.

Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour vous demander de faire respecter l'obligation d'inscription – c'est l'autre partie de l'obligation scolaire – de tous les enfants, et notamment des 6 000 à 7 000 enfants de Roms migrants vivant sur le sol Français et qui ne sont pas scolarisés dans notre pays.

Je le répète, si votre véritable souci était la recherche d'une meilleure assiduité scolaire, vous mèneriez un réel travail sur les causes de l'absentéisme, sans vous réfugier dans ce discours facile et porteur, mais qui n'explique rien, sur la démission des parents. Un discours dangereux même, qui ne peut en définitive qu'affaiblir l'autorité parentale si celle-ci était défaillante.

Venons-en à nos propositions. Il faut davantage impliquer les familles et les aider.

Plutôt qu'une politique de responsabilisation contrainte sous la menace – ce qui est un peu contradictoire pour rétablir l'autorité –, nous pensons qu'il faut une prévention précoce avec un investissement fort dès les jeunes années d'éducation et une forte réactivité dans la démarche envers les parents dès que les premiers signes d'absentéisme se manifestent.

Si vous le permettez, je prendrai l'exemple d'un CFA de la restauration que je préside, où nous avions un taux de rupture supérieur à 40 % des contrats. Pourtant, les apprentis perçoivent une rémunération. Nous avons obtenu une baisse de la moitié de ces échecs en instaurant un système d'alerte immédiat, le jour même à destination des parents, conjugué à quelques vacations d'une psychologue spécialisée sur les adolescents. Cela demande évidemment du personnel, si l'on applique ce système à grande échelle.

Plutôt qu'une politique de sanction des familles, nous préférons développer les politiques d'implication des parents, de soutien à la fonction parentale et de médiation scolaire. C'est d'ailleurs, reconnaissons-le, l'idée défendue par Martin Hirsch avec la mallette des parents. L'évaluation a prouvé que ce dispositif, plutôt léger puisqu'il s'agit de trois réunions annuelles entre les parents et le corps enseignant, et éventuellement de formations, est relativement efficace. Je me félicite d'ailleurs de son extension, dès la rentrée prochaine. Mais je crois qu'il demande des moyens supérieurs, pour accroître le pourcentage de réussite. Il faut lui laisser le temps de faire preuve de son efficacité avant d'engager les mesures répressives que vous proposez.

Je l'ai dit, l'absentéisme débute au collège et explose au lycée. Mais c'est à l'école primaire que se créent des écarts irréversibles. Nous savons qu'à la sortie 25 % des élèves ont des acquis fragiles et 15 % connaissent des difficultés sévères. Il est donc temps de réagir et d'investir dès le plus jeune âge, et même dès la maternelle, madame la secrétaire d'État, alors que nous avons le sentiment, pour ne pas dire plus, que vous êtes en train de la fragiliser, pour faciliter des offres de garde confiées au privé.

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