Ces élèves, j'ai découvert récemment lors d'une réunion sur la mise en oeuvre des plates-formes de lutte contre le décrochage, que le monde enseignant les désigne sous le terrible vocable d'« encombrants », s'inquiétant de devoir les récupérer dans cette lutte contre le décrochage.
Ces élèves sont déjà devenus des « absentéistes de la connaissance », même s'ils fréquentent encore les locaux – pour combien de temps d'ailleurs ? En grandissant, ils finissent par quitter ces lieux sans issue pour eux. On ne se réveille pas absentéiste un beau matin, on le devient au terme d'un processus long, lorsqu'on n'accepte plus de venir passivement à des cours qu'on a depuis longtemps cessé de suivre ou de comprendre.
L'absentéisme débute au collège et explose au lycée, notamment dans les lycées professionnels où il atteint plus de 30 % dans certains établissements. Les causes en sont bien connues : concentration des élèves en difficulté au collège, orientation par l'échec et non en fonction des aptitudes et des envies des élèves. Les « décrocheurs » se recrutent parmi les publics en échec scolaire et en orientation subie, qui anticipent finalement le faible retour de leur investissement scolaire sur le marché du travail. C'est donc plutôt à la réforme de l'enseignement professionnel qu'il faut s'attaquer.
Ces familles confrontées à une réelle détresse sociale, que nous venons d'évoquer et dont le nombre ne cesse de croître, pensez-vous que c'est en leur supprimant les allocations familiales que vous allez les aider à affirmer leur autorité parentale ? Croyez-vous qu'une mère de famille monoparentale qui rencontre des difficultés pour envoyer son grand adolescent à l'école va se trouver renforcée dans son autorité si elle invoque le risque de perdre une partie des allocations familiales ?