Cette loi répressive, en plus d'être inefficace, risque d'être injuste et va accentuer les inégalités. Sous couvert de responsabiliser davantage les familles, elle va stigmatiser les plus fragiles.
Pour les familles, c'est la double peine. Déjà perdantes du système, cette proposition de loi leur inflige une sanction lourde de conséquences. Alors qu'il appartient à la puissance publique de résorber les inégalités, le Gouvernement préfère sanctionner et enfoncer un peu plus des familles qui se battent au quotidien pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Souvent contraints à des horaires atypiques, au travail du dimanche, parfois sans emploi ou isolés, ces parents sont bien souvent désemparés. Pour une famille de trois enfants, déduire 158,78 euros d'allocations d'un faible salaire de mère seule est tout simplement dévastateur.
Par ailleurs, transformer les parents en coupables n'améliorera en rien leur situation et n'aura aucun effet sur l'absentéisme de leurs enfants. Si l'absentéisme n'est pas l'apanage des enfants de familles en difficulté, il est surreprésenté dans les familles dont les parents ne sont pas familiers des institutions scolaires, qu'ils ont peu ou pas fréquentées et avec lesquelles ils entretiennent un rapport de délégation, parfois de crainte ou de défiance. N'ayons pas peur de le dire, certains parents sont eux-mêmes exclus du fonctionnement de l'école. On en fait des coupables idéaux alors qu'ils sont victimes. Victimes de ne pas être ce que l'on attend d'eux, de ce que l'école attend d'eux. Déjà fortement éloignés du système scolaire dont ils ne maîtrisent pas les codes, dont ils se méfient parfois, ce texte ne fera que les marginaliser davantage alors qu'il faudrait, au contraire, les aider à s'impliquer dans le projet éducatif, pour reprendre les termes du ministre.
Votre proposition de loi reste muette sur ces réalités, sur ces galères quotidiennes des familles qui ne rentrent pas dans le moule académique.
Pour les enfants, on ne cherche pas à comprendre les raisons de leur absentéisme. De manière encore plus remarquable, le texte ne s'y attarde pas une seconde, préférant assimiler systématiquement l'absentéisme à une première étape vers la délinquance. N'est-ce pas un peu réducteur et sommaire ?