Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Luc Chatel

Réunion du 16 juin 2010 à 21h30
Lutte contre l'absentéisme scolaire — Suite de la discussion d'une proposition de loi

Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, porte-parole du Gouvernement :

Il permettra de faire progrès considérables dans le repérage précoce des élèves susceptibles de décrocher en facilitant le travail de suivi de ces derniers. Grâce à lui, nous gagnerons souvent plusieurs mois dans l'accompagnement des décrocheurs. Autant de temps qui permettra de construire un projet de remédiation adapté avec l'élève, sa famille et les représentants de l'école.

Un autre dispositif a montré son efficacité : la « mallette des parents ». Actuellement expérimentée dans l'académie de Créteil, elle vise à mieux impliquer les familles, parfois très éloignées du monde de l'école, dans la scolarité de leur enfant. Elle doit permettre d'améliorer le dialogue entre les parents d'élèves et l'école, grâce à des rencontres avec le principal, les enseignants et les surveillants, et grâce à des modules de formation.

L'expérience, évaluée par l'École d'économie de Paris, a été jugée très concluante puisqu'une baisse générale de l'absentéisme, et une réduction des exclusions temporaires et des avertissements ont été constatées. Ces résultats ont une explication : les parents ont été impliqués dans le projet éducatif de leur enfant. Cela démontre, s'il le fallait encore, que l'absentéisme ne relève pas de la fatalité sociale et que la responsabilisation des parents a une influence considérable sur l'assiduité des enfants.

Pour amplifier ce succès, j'ai décidé que la « mallette des parents » serait étendue à toutes les académies dès la rentrée prochaine.

Enfin, je tiens à rappeler que notre recherche du dialogue ne s'arrête pas aux portes de l'école. Ma collègue, Nadine Morano, chargée de la famille et de la solidarité, qui s'exprimera dans un instant, a annoncé le 6 mai dernier que son ministère débloquerait 53 millions d'euros, d'ici à 2012, dans le cadre des réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents, pour les familles en difficulté face à l'absentéisme de leur enfant. C'est bien la preuve que l'ensemble de notre Gouvernement est mobilisé pour lutter contre le fléau de l'absentéisme scolaire.

Nous avons aussi voulu apporter des réponses pertinentes aux cas des élèves que l'absentéisme a menés sur la voie de la déscolarisation et de la désocialisation. Les jeunes concernés ont déjà bénéficié de toutes les possibilités de prise en charge prévues au sein des collèges, que ce soit l'aide ou le soutien. Pour ces élèves en grande difficulté, nous avons mis en place 443 dispositifs relais lors de l'année scolaire en cours. Pendant une durée qui variait de quelques semaines à plusieurs mois, ces structures ont accueilli plus de 8 000 élèves au sein de classes et d'ateliers à très petits effectifs, qui constituaient le cadre idéal pour un raccrochage aux fondamentaux de la scolarisation.

Nous avons aussi créé le microlycée, structure scolaire expérimentale initiée d'abord dans chacun des départements de l'académie de Créteil. Dès la rentrée prochaine, chaque académie aura un microlycée. Ce dispositif permet de proposer du « sur-mesure », c'est-à-dire un accompagnement personnalisé au plus près des besoins de chaque élève.

Je tiens particulièrement à cette notion de personnalisation. Elle est au coeur des réformes mises en oeuvre depuis 2007 et constitue un outil efficace pour lutter contre la démotivation, qui est souvent le prélude à l'absentéisme.

La réforme de la voie professionnelle, généralisée à la rentrée 2009, a ainsi permis la mise en place de deux heures et demie d'accompagnement personnalisé par semaine pour chaque élève afin d'anticiper les décrochages et de les éviter. Dès la rentrée prochaine, la réforme du lycée général et technologique, effective en classe de seconde, intégrera un accompagnement personnalisé de deux heures pour chaque élève, ce qui permettra de véritablement personnaliser notre système éducatif.

Toutes ces actions visent un objectif : que les élèves puissent s'engager dans un parcours de réussite qui corresponde à leurs goûts, à leurs talents, à leurs projets, et qui leur garantisse, à terme, une insertion professionnelle et sociale. Ainsi remotivés par un but qu'ils se seront choisi, ils s'attacheront à l'enseignement et s'investiront durablement dans leur formation.

Mais, il faut en convenir, parfois, pour certaines familles, le dialogue et l'aide ne suffisent pas. Parfois, il est nécessaire de rappeler qu'à l'obligation éducative qui donne le droit à chaque enfant de bénéficier d'une instruction, correspond un corollaire : l'obligation d'assiduité scolaire, dont les premiers garants sont les parents. Or, c'est un fait : certaines familles refusent d'assumer leur autorité sur leur enfant et laissent libre cours à son absentéisme. À celles-là, il faut rappeler que, si les parents ont assurément des droits, ils ont aussi des devoirs, et que l'un de ces premiers devoirs est l'exercice d'une autorité éclairée et vigilante sur leurs enfants.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion