En tant que pédiatre, je vois de plus en plus de petits garçons naître avec un sexe très petit, mal formé – qui nécessitera ultérieurement une opération – ou une ectopie testiculaire. Je vois aussi des petites filles qui ont, à deux ans, des seins de fille de quatorze ans. Selon un urologue infantile de la région de Montpellier, le nombre de ces cas est en augmentation, même si l'Afssa le discute. Nous remplissons de nombreux formulaires lors des naissances pour enregistrer informatiquement d'éventuelles malformations. Il est dommage que l'on ne recueille pas, à cette occasion, des éléments sur l'environnement dans lequel a vécu et vit la mère. Cela nous permettrait d'avoir des réponses à un certain nombre des questions que nous nous posons. Lorsque le bébé naît avec une malformation, c'est au stade embryonnaire qu'il faut remonter. Mais lorsque le problème apparaît à deux ans, le lait peut être en cause. Pour produire le lait, l'organisme maternel puise en effet dans les graisses, dans lesquelles se concentrent toutes les dioxines accumulées au fil du temps. J'ai vu un jour une maman dont le lait était orange, parce qu'elle avait pris des pilules bronzantes à six mois de grossesse. C'est dire à quel point le lait maternel « thésaurise » les polluants…
N'en déduisons pas qu'il ne faut pas allaiter ! Selon l'Autorité européenne de sécurité des aliments, la concentration de Bisphénol A s'élève au maximum à 1,27 microgrammes par litre dans le lait maternel, et à 2,1 microgrammes par litre dans le lait maternisé – à cause de la migration du Bisphénol A contenu dans l'emballage du lait – auxquels s'ajoutent 0,12 microgrammes par litre par migration à partir du biberon.
Bref, protégeons les bébés, mais aussi les futures mamans et les fillettes. Je vous propose donc un premier amendement tendant à substituer au mot « biberons » les mots « tout plastique alimentaire utilisé par des enfants de moins de trois ans ». Un deuxième amendement vous proposera d'étendre le champ d'application de l'article 1er aux tétines et aux sucettes, qui sont souvent stérilisées, donc chauffées. Si on trouve en pharmacie des sucettes étiquetés « sans Bisphénol A », c'est qu'il en existe encore qui en contiennent ! Mon troisième amendement concerne justement l'étiquetage, qu'il propose de rendre obligatoire pour tous les plastiques alimentaires produits à base de Bisphénol A et utilisés par des enfants de moins de trois ans. Il s'agit là de quelques mesures complémentaires, qui ne me paraissent pas hors de propos. Nous n'allons cependant pas au bout du problème : nous verrons bien en 2012 si les fabricants ont trouvé des produits de substitution…