Ils me cherchent, monsieur le président, et ils vont finir par me trouver.
Vous ne comprenez guère plus, madame la ministre, que le commun des mortels la « novlangue » des marchés financiers, ni les instruments technico-financiers dont les banquiers se servent pour accroître leurs marges de profits aux dépens des populations du monde entier. En réalité, vous êtes même plus démunie que la grande majorité de nos concitoyens qui, eux, ont cet avantage sur vous de connaître la vie réelle, celle des fins de mois difficiles. Ils ont l'expérience de la vie quotidienne et subissent les dramatiques conséquences de votre crise. Quant à vous, vous faites confiance aux marchés, aux banquiers, aux spéculateurs. Vous ne faites confiance qu'à ceux-là qui profitent de la crise provoquée par l'appétit insatiable du capital pour son propre élargissement.
Vous faites tout de même preuve de cohérence en faisant confiance aux marchés. Cette cohérence n'est malheureusement pas d'origine rationnelle ; elle est presque d'origine affective. Elle est née de votre connivence avec le monde de la finance et de votre admiration pour les sommes colossales qu'il déplace sur les places boursières internationales. Vous êtes dans le champ de la croyance, pas de la rationalité qui vous permettrait de comprendre et d'essayer d'esquisser des solutions. Vous vous livrez à un culte, celui du veau d'or honni par Moïse. Notre peuple a un devoir : briser les idoles que vous adorez.
Vous vous croyez rationnelle lorsque vous pensez que les dizaines de milliards d'euros de bonus empochés par les traders et les centaines de milliards de bénéfices réalisés par les banques profitent, in fine, à l'ensemble de l'économie. En réalité, vous favorisez l'accumulation de masses invraisemblables de capitaux qui cherchent à réaliser des taux de profits élevés, qui enrichissent les actionnaires, détruisent les emplois, assassinent les vies.
Lorsque vous voyez que le seul marché des dérivés est passé, selon le magazine Alternatives économiques,…