…au moment où nous avons soviétisé toutes nos administrations, n'est-il pas un peu choquant de contraindre ainsi l'une des entreprises les plus connues du monde – qui a toujours remarquablement satisfait aux obligations que nous lui imposions, qui a lancé, à une époque où ce n'était pas facile, un programme qui fit couler autant d'encre que de salive, et qui lui valut, dans le monde entier, autant d'admiration que de jalousie – à abandonner 25 % de son activité à des concurrents directs ? Et tout cela au nom d'une simple directive !
Voilà à quoi nous en sommes réduits, au moment où il faudrait se demander comment font nos voisins de palier pour payer leur électricité et comment sont entretenus des réseaux parfois vétustes, au moment où il faudrait accélérer l'enfouissement des lignes, celles de proximité comme celles à haute tension, et réaliser la ligne enterrée à très haute tension de 400 000 volts entre la France et l'Espagne – puisque, depuis vingt ans, pour des raisons d'environnement certes bien compréhensibles en ce domaine, nous perdons ce très important marché chez nos amis espagnols.
Le président d'EDF nous apprend que l'entreprise a 45 milliards d'euros de dettes en 2009 et qu'elle s'apprête à consentir un investissement de 35 milliards pour le parc EPR. Je croyais que la France était bien placée en matière de production d'électricité. Quelle n'a pas été ma stupéfaction de découvrir, en étudiant un graphique publié aujourd'hui par un quotidien économique, une grande Chine de vingt centimètres de haut, une grande Corée de douze centimètres, quelques pays intermédiaires et, tout en bas, de petits États-Unis, qui font 5 %, et une petite France de 2,5 % ? Voilà ce que nous produisons, aujourd'hui, au moment où nous livrons ce que nous avons de meilleur à des compagnies privées qui n'apportent strictement rien. Je ne suis pas doctrinaire, je n'ai rien contre personne, mais, si quelqu'un n'apporte rien, pourquoi lui distribuer de l'argent ?
Si l'Europe n'est pas contente, les Français sauront lui répéter ce qu'ils lui ont dit, il n'y a pas très longtemps, à 54 %. Il faut parfois savoir dire non et pour ma part, dans cette affaire-là – ce n'est pas pour vous offenser, monsieur le secrétaire d'État...