Quant à la biomasse, tant que la filière bois n'est pas organisée, elle restera embryonnaire et non industrialisée. Un sacré gâchis quand on sait que notre pays a la première forêt d'Europe mais importe du bois en mettant des camions sur les routes du fait de l'absence de filière complète, du bûcheronnage jusqu'à l'écoconstruction et à la biomasse.
Rien non plus sur le parc hydraulique, sur les investissements à consentir pour en accroître la productivité. Rien sur l'investissement dans les réseaux intelligents – les smart grids –, dans lesquels les seuls États-Unis investissent 10 milliards de dollars aujourd'hui et qui permettent justement de gérer intelligemment les pointes en utilisant les énergies les plus économes, les moins coûteuses, les moins polluantes, au moment où elles sont plus disponibles sur le réseau. Rien non plus sur la production et la distribution décentralisées, donc plus maîtrisables et plus avantageuses pour l'usager comme pour la collectivité.
En réalité, il s'agit d'un texte purement idéologique, avec un dogme : l'ouverture à la concurrence à tout prix, quelles qu'en soient les conséquences sur l'emploi, l'environnement, la sécurité liée aux procédés industriels, et qui affecte en premier lieu la filière énergétique elle-même, et ce en dépit d'une expertise qui est le fruit de dizaines d'années d'investissement public dans la formation, la recherche et l'industrie.
Il aurait été intéressant de connaître, après le point de vue de Marcel Boiteux, qui ne vous est pas très favorable, celui de François Roussely, que vous aviez mandaté et dont, curieusement, le rapport a été mis sous embargo, classé « confidentiel défense ». Dommage pour la démocratie, dommage pour l'avancée de notre pays.
Monsieur le secrétaire d'État, il est encore temps de revenir sur des orientations dont l'impact sera vraiment préjudiciable et de nous recentrer sur les véritables enjeux de la filière énergétique : le maintien et la valorisation de l'expertise acquise, la création d'emplois nouveaux et innovants dans les filières à consolider, la diversification du bouquet énergétique, l'incitation à la production décentralisée, la maîtrise de la consommation, et surtout le maintien d'une mission de service public au service des consommateurs et de la réussite de tous ces projets. En l'absence d'une inflexion de votre texte en ce sens, nous ne pourrons évidemment pas le voter. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)