Monsieur le député, comme vous le savez, à l'initiative de Brice Hortefeux, et avec Roselyne Bachelot, Frédéric Mitterrand et Nathalie Kosciusko-Morizet, nous avons décidé de ne pas prononcer d'interdiction générale de ce que l'on appelle les « apéros géants », mais nous avons souhaité, en raison de la gravité du sujet, que des interdictions puissent être prononcées au cas par cas, à l'appréciation notamment des préfets et des maires.
Nous voulons être fermes sur le respect de certaines règles, en particulier en matière de prévention, et sur le fait que les organisateurs doivent être identifiés, ce qui est un vrai problème quand le rendez-vous est donné par le réseau Facebook.
J'ai souhaité par ailleurs réunir les organisations de jeunesse, de prévention et de secourisme, et nous avons créé trois groupes de travail : un groupe avec notamment l'Association des maires des grandes villes de France pour mieux accompagner les événements organisés par les jeunes ; un groupe pour revaloriser l'image des jeunes et dépasser les images stigmatisantes qui conduisent un Français sur deux à se faire une idée négative de l'ensemble de la jeunesse, alors que ces événements ne concernent qu'une faible partie de celle-ci ; enfin, avec Roselyne Bachelot-Narquin, nous avons ouvert un groupe de travail pour répondre à l'augmentation des ivresses occasionnelles chez les jeunes.
À ce propos, Mme Bachelot m'a demandé de rappeler qu'à dix-sept ans, l'alcool est la substance psychoactive la plus consommée, et que l'on a tendance à oublier que l'alcool est en Europe la première cause de décès chez les jeunes hommes, notamment le week-end : 56 % des décès de jeunes se produisent le vendredi, le samedi et le dimanche, à cause des accidents de la route, principalement. Vous aurez noté, monsieur le député, que la sécurité routière a diffusé hier un message extrêmement violent montrant les conséquences dramatiques que peut produire la suralcoolisation des jeunes dans ces moments.
Toutefois, en France, d'après les dernières enquêtes, on note une stabilisation des ivresses déclarées chez les adolescents de dix-sept ans. Les nombreuses actions et campagnes réalisées ou soutenues par le ministère de la santé et des sports, et plus largement par l'ensemble du Gouvernement, commencent ainsi à porter leurs fruits.
Pour répondre aux nouveaux modes de consommation d'alcool, le Gouvernement a élaboré, avec le plan santé des jeunes lancé en 2008, une stratégie globale associant des mesures, législatives et réglementaires, de prévention et de soins. Ces mesures sont en cours de déploiement.
De plus, la loi HPST portant réforme de l'hôpital permet, à travers dix mesures, un encadrement de l'offre d'alcool. En particulier, elle simplifie la réglementation en interdisant la vente et l'offre d'alcool à tous les jeunes de moins de dix-huit ans, pour toutes les boissons alcooliques.
Dans le domaine de la prévention, une première campagne médiatique d'alerte sur ce que l'on appelle outre-Manche le binge drinking avait été menée par l'INPES dès 2008. Afin d'intégrer les évolutions socio-comportementales et les nouveaux modes de rencontre, Mme Bachelot vient de demander à cet institut de développer l'utilisation d'internet et des réseaux sociaux comme outils de prévention. Nous communiquons d'ailleurs assez fréquemment sur ces réseaux afin de dissuader les jeunes, quand les conditions de sécurité ne sont pas réunies, de se rendre à des apéros géants interdits.
Enfin, notre stratégie comporte des mesures de prise en charge et d'accompagnement plus particulièrement destinées aux jeunes consommateurs d'alcool en difficulté et en situation de dépendance.
L'action du Gouvernement pour protéger la jeunesse des risques liés à l'alcoolisation massive est donc importante. La mobilisation en vue d'apporter la réponse la plus appropriée au phénomène nouveau des apéros géants a été rapide, coordonnée entre tous les membres du Gouvernement concernés et efficace. Nous vous ferons part dès la rentrée des conclusions des trois groupes de travail.