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Intervention de Patrice Calméjane

Réunion du 3 juin 2010 à 10h00
Conseil national des communes compagnon de la libération — Discussion d'une proposition de loi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Calméjane :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, l'action politique passe par une réflexion rigoureuse sur le sens et l'usage du devoir, ou du travail, de mémoire. Je crois qu'à quelques jours du soixante-dixième anniversaire de l'Appel du 18 juin, de ce premier discours prononcé par le général de Gaulle à la radio de Londres, dans lequel il appelait à ne pas cesser le combat contre l'Allemagne nazie, ce texte relatif à l'ordre de la Libération tombe à point nommé dans notre calendrier parlementaire.

Mes chers collègues, je ne vais pas revenir sur les dispositions techniques du texte, très bien décrites par notre rapporteur Jean-Pierre Dupont. Je préfère m'attacher à l'importance, pour nous politiques qui sommes aussi des citoyens héritiers de l'histoire riche et douloureuse de la construction de notre pays, de porter ce devoir moral qu'a l'État d'entretenir le souvenir non seulement des souffrances et des humiliations, mais aussi des joies de la victoire.

Il faut perpétuer le souvenir des expériences et honorer la mémoire des Français assassinés. Tous les Français et Françaises doivent garder présents à l'esprit les actes de barbarie, mais aussi de courage, de persévérance, d'espoir et de don de soi pour notre nation. C'est en ce sens que l'ordre de la Libération fut créé en 1940 par le général de Gaulle, afin de récompenser d'une manière particulière et originale le dévouement de ceux qui, dès ce moment, ont accepté de tout risquer pour libérer la France et son empire de la barbarie nazie.

Le chef des Français libres ne pouvait pas alors décerner la Légion d'honneur : il décida de créer une décoration pour récompenser les mérites exceptionnels manifestés dans une conjoncture elle-même exceptionnelle.

Ainsi 1 038 personnes, cinq communes – Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors et l'île de Sein – mais aussi dix-huit unités combattantes comptent au nombre des Compagnons de la Libération. Parmi les 1 038 personnes, 260 ont été nommées à titre posthume.

L'admission dans l'Ordre n'est soumise à aucun critère d'âge, de sexe, de grade, d'origine ou de nationalité. Il est également intéressant de noter que quarante-quatre étrangers de dix-huit nationalités différentes ont été faits Compagnons. Parmi les plus célèbres, on peut citer Winston Churchill ou encore Dwight David Eisenhower. C'est en effet la valeur qui compte, ainsi que la qualité exceptionnelle des services rendus, qui ne sont d'ailleurs pas exclusivement des services combattants.

Le 30 mai dernier, dimanche, après la mort du général René Lesecq, quarante et un Compagnons de la Libération étaient encore en vie. Le dernier sera inhumé dans la crypte du mont Valérien.

À l'avenir, lorsque les Compagnons de la Libération auront presque tous disparu, les cinq communes joueront un rôle prépondérant dans la pérennité de l'Ordre grâce à l'instauration, prévue par la loi du 26 mai 1999, du Conseil national des communes « Compagnon de la Libération ».

Madame la présidente, mes chers collègues, j'en profite pour vous rappeler que trente-six ministres, soixante et onze députés dont Jacques Chaban-Delmas, ancien président de l'Assemblée nationale, et treize sénateurs, ont figuré dans les rangs de l'ordre de la Libération. Le fait que ce texte soit présenté par l'actuel président de notre assemblée trouve ici tout son sens.

En conclusion, je me réjouis de l'aspect consensuel de cette proposition de loi. Le groupe UMP la votera et j'invite l'ensemble de mes collègues à en faire autant, pour l'histoire et pour la mémoire. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

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