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Intervention de Hubert Falco

Réunion du 3 juin 2010 à 10h00
Conseil national des communes compagnon de la libération — Discussion d'une proposition de loi

Hubert Falco, secrétaire d'état à la défense et aux anciens combattants :

Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les députés, le mot « compagnon » est l'un des plus beaux de la langue française. Il incarne à lui seul l'une des valeurs les plus fondamentales de notre République : la fraternité ; une fraternité qui s'est nouée dans les armes, lorsqu'il s'agissait de libérer le pays de l'oppression nazie ; une fraternité, mesdames, messieurs les députés, qu'il appartient à chaque élu de la nation comme à chaque citoyen de faire vivre par temps de paix.

En créant, dès 1940, l'ordre national des Compagnons de la Libération, le deuxième après celui de la Légion d'honneur, c'est très certainement cette fraternité de combat que le général de Gaulle a voulu distinguer : une fraternité qui lie entre elles les Forces françaises libres et la résistance intérieure ; une fraternité qui unit dans un même combat le cheminot anonyme de la banlieue de Paris au tirailleur sénégalais marchant depuis Koufra aux hommes de Leclerc, ou encore le pilote héroïque de Normandie-Niemen au préfet Jean Moulin.

L'ordre national des Compagnons de la Libération incarne et synthétise ce qu'est la France, sa diversité, sa générosité, son courage et sa grandeur. Aujourd'hui, soixante-dix ans ont passé depuis sa création par le général de Gaulle en 1940. Malheureusement, le temps a fait son oeuvre : les Compagnons de la Libération s'en vont les uns après les autres. Il y a quelques jours, le 30 mai, disparaissait ainsi le général René Lesecq, dont l'épopée a été racontée par Joseph Kessel.

Il s'agit ici non pas simplement de tourner nos regards vers le passé, mais de ne jamais oublier ce qu'exige le fait d'être Français, c'est-à-dire l'amour de son pays et un combat sans cesse recommencé pour la liberté et la dignité humaine. Telle est, mesdames, messieurs les députés, la mémoire des Compagnons de la Libération ; telles sont leurs valeurs. C'est une mémoire pour l'avenir ; ce sont des valeurs que nous partageons toutes et tous sur les bancs de cette assemblée.

Puisque la vie est ainsi faite que les hommes s'en vont tandis que les villes et les collectivités qu'ils ont construites leur survivent, c'est une disposition de bon sens, mais également d'une très grande noblesse, que la représentation nationale a prise en 1999 en confiant la pérennité de l'Ordre aux cinq communes « Compagnon de la Libération », c'est-à-dire Paris, Nantes, Grenoble, Vassieux-en-Vercors et enfin l'île de Sein, qui le méritait tant.

La présente proposition de loi, portée par vous-même, monsieur le président, et par M. Michel Destot, député-maire de Grenoble, apporte des améliorations et des garanties indispensables à la pleine réussite du passage de témoin entre le Conseil de l'Ordre et le Conseil national des communes « Compagnon de la Libération ». Nous sommes en accord complet avec les avancées de ce texte. Deux retiennent tout particulièrement mon attention : la souplesse et la pérennité.

Le texte est en effet assez souple pour donner au pouvoir exécutif une certaine marge de manoeuvre afin de déterminer, avec le Conseil de l'Ordre et les villes « Compagnon de la Libération », l'entrée en vigueur du nouveau dispositif, avec un horizon clair fixé au 16 novembre 2012 ; il assure en même temps la pérennité du musée de l'Ordre, dont la gestion sera confiée à l'établissement public administratif que sera le Conseil national des communes « Compagnon de la Libération ».

Je souhaite ici rendre hommage à l'engagement des cinq villes Compagnons, Paris, Nantes, Grenoble, l'île de Sein et Vassieux-en-Vercors. Je veux les assurer que l'État sera à leurs côtés et apportera son plein concours au Conseil national des communes « Compagnon de la Libération ».

C'est pourquoi, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames et messieurs les députés, je formule le voeu que la représentation nationale sache, à quelques jours du soixante-dixième anniversaire de l'Appel du 18 juin, se rassembler et parler d'une seule voix pour défendre la mémoire de ces femmes et de ces hommes qui, aux pires moments de notre histoire, ont tout donné pour la République et pour la France. (Applaudissements sur tous les bancs.)

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