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Intervention de Alain Calmat

Réunion du 26 mai 2010 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Alain Calmat, président de la Commission médicale haut niveau et sport-santé du Comité national olympique et sportif français, CNOSF :

Mais non! En vue d'établir la liste annuelle des substances interdites pendant les compétitions ou tout au long de l'année, l'AMA adresse un questionnaire à tous les Comités olympiques, aux ministères, à certaines fédérations. La liste est arrêtée à la suite d'un vote qui prend donc en compte l'avis du mouvement sportif, celui des gouvernements et celui des experts.

Certains ont indiqué que faire de la compétition imposait une sujétion particulière par rapport à la vie normale et que les sportifs méritaient donc l'indulgence. Certes, mais à condition de ne pas prendre de substances prohibées. Et encore, se pose, comme l'indiquait Valérie Fourneyron, un problème de santé publique. Le Comité olympique a commencé à réfléchir aux moyens permettant de conserver sa santé en faisant du sport. C'est ce que l'on nomme le sport-santé. L'activité sportive est en effet une activité physique spécifique, comprenant des disciplines et des niveaux d'entraînement différents se pratiquant dans des lieux et avec des équipements divers. Nous ne disposons à l'heure actuelle d'aucune indication concernant les effets biologiques, physiques, psychologiques et socio-psychologiques de telle ou telle pratique sportive ; le travail reste à faire et nous essayons de rapprocher les prescripteurs, que sont les médecins, des dispensateurs de sport que sont les entraîneurs, les dirigeants, les encadrants, afin de permettre aux sportifs, licenciés ou non, de pratiquer une discipline sans que cela nuise à leur santé, soit dans le cadre d'une prévention primaire, c'est-à-dire afin d'éviter de développer certaines maladies, comme l'obésité, soit dans le cadre de pathologies existantes. Des travaux menés, par exemple, par l'Institut de Recherche bio-Médicale et d'Epidémiologie du Sport (IRMES) ont mis en évidence certaines données ; mais aucune relation efficace n'a été établie entre ces données et la manière de dispenser les activités sportives. C'est ce travail de fond que s'assigne le Comité olympique.

Il a été dit également que certaines techniques étaient discutables. C'est le cas du passeport biologique qui retrace les signes indirects du dopage à partir des examens hématologiques des athlètes. Ces analyses, sont en effet très coûteuses et pas très fiables, puisqu'on sait à présent que certains sportifs présentent des anomalies génétiques ; cela devrait conduire à leur accorder des dérogations et non à leur interdire de pratiquer un sport de haut niveau. C'est une question d'éthique et d'équité, à rapprocher de celle du certificat de non contre-indication, sur laquelle nous travaillons beaucoup actuellement avec le ministère ; les contre-indications ne doivent pas en effet être définitives – un diabétique, par exemple, peut faire du sport, à condition d'être bien encadré.

Ces sujets doivent donc être abordés avec finesse et sans manichéisme, tout comme la lutte anti-dopage. Ce qui est important est d'assurer en premier lieu l'équité entre les sportifs de haut niveau, parce qu'il y a des enjeux individuels, et ensuite l'éthique, parce que les sportifs ont valeur d'exemples auprès des jeunes.

Ce qui prime, en effet, c'est la prévention. Les messages en matière de prévention existent, comme en témoignent les travaux du colloque que le Comité olympique a organisé il y a quelques semaines, en collaboration avec l'AFLD, le ministère et l'AMA, mais aussi les actions que le Comité mène auprès des fédérations, des comités départementaux olympiques et sportifs (CDOS), ainsi que les instruments qu'il diffuse comme la mallette sport-santé. Mais ces messages doivent être relayés de manière positive par les fédérations et les médias.

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