Opérateur national à statut d'établissement public administratif, l'Institut géographique national (IGN) est investi d'une mission de service public. Il est notamment chargé de conduire des activités de recherche, d'enseignement et de formation dans le domaine de l'information géographique, d'installer et d'entretenir le réseau géodésique, qui est la pierre angulaire de tout système d'information géographique, et de constituer et de mettre à jour les grands référentiels nationaux, notamment le référentiel à grande échelle (RGE) constitué de quatre grandes bases de données – orthophotographiques, topographiques, parcellaires et adresses – qui ont la caractéristique de se superposer les unes aux autres pour décrire le territoire national, y compris les départements et territoires d'outre-mer, avec une précision métrique.
L'Institut reçoit une subvention de l'État, mais celle-ci ne couvre pas la totalité du coût de ses missions. Il doit donc avoir une activité commerciale pour compléter son financement.
L'IGN exerce une importante activité pour le ministère de la défense qui, aux termes de son décret statutaire, est un utilisateur prioritaire. Il réalise pour lui, dans le cadre d'une coédition avec la société SPOT Image, des modèles numériques de terrain et de la cartographie à l'échelle mondiale. Le modèle numérique de terrain Geobase couvre désormais près de 40 millions de kilomètres carrés de terres émergées. Il est mis à la disposition du ministère de la défense ainsi qu'à celle de ministères étrangers équivalents sous le contrôle des autorités françaises concernées.
J'aborderai la question de la tempête Xynthia sous l'angle des compétences de l'IGN. La problématique qu'elle pose est celle de l'évaluation de l'impact sur le littoral d'une prévision météorologique ou d'une hypothèse de hauteur d'eau posée ab initio dans un objectif soit d'alerte, soit de mise en place de « défenses » – construction de digues, de protections physiques –, soit encore d'édiction de règles d'utilisation du sol. Une telle évaluation nécessite des données altimétriques suffisamment précises et formant un continuum entre la terre et la mer pour permettre de procéder à des modélisations. Or, c'est là que le bât blesse : les données concernant la partie terrestre et celles concernant la partie maritime d'une zone ne se raccordent pas toutes dans de bonnes conditions. Par ailleurs, les données manquent de précision en raison d'une densité de points de mesure en altimétrie insuffisante et relativement peu homogène et d'un manque de précision des points de mesure.
Ce constat n'est pas nouveau. Il a été fait au début des années 2000, à la suite de quoi l'IGN et le service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) ont entrepris d'élaborer conjointement un modèle numérique de terrain sur le littoral, c'est-à-dire une base de données numériques permettant de placer dans l'espace, avec leurs coordonnées X, Y et Z, tous les points relevés de façon à obtenir une description informatisée du territoire et à pouvoir faire tourner des applications pour modéliser les phénomènes.
Sur la partie maritime, il est important de connaître avec le plus de précision possible la bathymétrie, car la houle à la côte en dépend.
Sur la partie terrestre, il importe également d'avoir des données altimétriques précises pour simuler à la fois la submersion et le processus de retrait des eaux.
Ce programme a été entrepris en 2003. Il a commencé par un travail de spécification, c'est-à-dire de mise au point d'un projet – afin de déterminer les données nécessaires et leur précision pour atteindre l'objectif fixé. Un travail de prototypage et de tests a ensuite été mené avant de lancer la production des bases de données en question.
Nous avons préparé un diaporama que M. Martinoty va vous présenter.