De la même manière, elles peinent à se présenter à des fonctions électives.
Selon un récent sondage réalisé à l'occasion des états généraux de la femme, 75 % des femmes trouvent que la société leur est moins favorable qu'aux hommes. Elles déplorent également la misogynie du monde du travail et du monde politique. Interrogé cette semaine sur la question, le Premier ministre répondait qu'un tel résultat ne le surprenait pas. Et, pour lutter contre la misogynie en politique, il suggère de durcir les sanctions financières pour atteindre, enfin, la parité aux élections.
Or c'est exactement le but de notre proposition de loi.
En effet, nous proposons un dispositif financier nettement plus contraignant que l'actuel puisqu'il supprime la dotation publique reçue par les partis politiques si jamais ceux-ci ne respectent pas le principe de parité aux investitures pour les législatives.
Représentant plus de la moitié de la population, nous ne sommes pourtant que 109 députées à siéger sur les bancs de cette assemblée. Lors des investitures, tous les prétextes sont bons pour nous écarter : pas assez d'expérience, trop jeune, c'est pas le moment, la prochaine fois, on ne peut pas prendre le risque de perdre l'élection, et la sacro-sainte rengaine « Il n'a pas démérité » concernant les sortants…
Ces réflexes archaïques et machos, nous les avons vécus et nous les vivons encore et sur tous les bancs. Un peu moins sur les nôtres puisque notre groupe comprend 57 femmes sur 203, alors que le groupe UMP est composé de 45 femmes sur 308. Mais c'est loin d'être satisfaisant !
Légiférer, organiser la vie de nos concitoyens, les protéger, incarner la représentation nationale ne peut se faire avec moins de 20 % de femmes, comme c'est le cas aujourd'hui. C'est intolérable, insupportable dans une démocratie. Sans opposer de façon systématique les valeurs féminines et masculines et sans être trop réducteur, il faut savoir profiter de leur complémentarité dans l'exercice du pouvoir politique.
Mais il est vrai que la parité sur nos bancs aura de lourdes conséquences pour vous, messieurs les députés. C'est mathématique, il faudra laisser votre place ! C'est pourquoi aujourd'hui, moi aussi, je tiens à saluer le travail de Bruno Le Roux, notre rapporteur, qui, au nom du groupe SRC, a présenté ce texte.
Chers collègues, avec cette proposition de loi, nous avons l'occasion de faire voter un dispositif auquel, à lire les récentes déclarations de M. Fillon, le chef du Gouvernement est favorable. Apparemment ce n'est pas votre cas, monsieur le secrétaire d'État ! Vous avez du mal à franchir le pas vers une parité effective. Mais je tiens à vous rassurer : tout à l'heure, vous nous parliez de vivier ; ce vivier existe et nous n'avons pas besoin d'attendre des années que des conseillères municipales puissent se former aux fonctions politiques. Le vivier est là ; il faut en profiter et faire en sorte que, demain, les femmes puissent siéger sur ces bancs au même titre que les hommes aujourd'hui. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)