Selon l'enquête annuelle sur les SDIS, commandée par l'Assemblée des départements de France (ADF), la croissance certes importante du budget des SDIS depuis une dizaine d'années s'est très sensiblement ralentie depuis deux ou trois ans – s'agissant notamment des contributions des conseils généraux. Comme le disposait la loi dite de départementalisation, les transferts de l'ensemble des corps communaux à un établissement public devaient être assurés, de même qu'il importait de combler les retards accumulés s'agissant des casernements et des personnels mais également des équipements matériels. À cela s'est ajoutée la loi sur les 35 heures, dont l'impact sur la masse salariale ne pouvait qu'avoir des conséquences financières pour les 38 000 sapeurs-pompiers professionnels.
En outre, et même si nous comprenons évidemment votre souci de limiter les dépenses publiques, notre budget de la sécurité civile est tout à fait comparable à celui que d'autres pays européens tels l'Angleterre ou l'Allemagne consacrent à des services identiques et il est bien entendu très inférieur, par exemple, à celui dédié à la culture ou à l'agriculture dans notre pays.
La remise en cause des gardes de 24 heures, système le plus répandu et qui a fait historiquement ses preuves, quant à elle, coûterait bien plus cher que son maintien, les sapeurs-pompiers professionnels étant présents dans leur caserne près de 2 400 heures par an. Un régime « heure pour heure » - les « trois-huit » ou les « douze-douze » -, s'il serait conforme aux préconisations de la Commission européenne, ne manquerait pas d'entraîner une hausse des effectifs des sapeurs-pompiers professionnels, comme nous l'avons d'ailleurs constaté dans les départements qui appliquent ce système et qui comptent 25 % de personnels en plus par rapport à d'autres départements comparables. La FNSPF est donc attachée au régime de 24 heures de garde, qui présente le meilleur rapport entre coût et qualité du service. De nombreux sapeurs-pompiers y sont très attachés.
Par ailleurs, si les interventions nocturnes diminuent - d'où la pondération de nos effectifs -, nous devons aussi maintenir une forte couverture de risques et c'est précisément cette dernière qui coûte le plus cher - la disparition éventuelle de toute activité opérationnelle n'entraînerait quant à elle qu'une économie de 6 % environ.
Enfin, si nous passons 300 heures par an en intervention - avec le stress que cela comporte - et qu'un fonctionnaire doit en effet travailler 1 600 heures, nous consacrons l'essentiel de notre temps de travail à l'entraînement, à la formation, au maintien des matériels, à la prévention, à la sensibilisation aux risques. Si un boulanger a tôt fait de vendre une baguette, on ne peut pas dire qu'il en aille ainsi de sa fabrication !